« Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne » !

Extrait de la Passion selon St Marc
Arrivant à une propriété du nom de Gethsémani, Jésus dit à ses disciples : “Asseyez-vous là pendant que j’irai prier.” Il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commence à être envahi par la frayeur et l’angoisse.
Il leur dit : “Mon âme est triste à en mourir, restez ici et veillez.”

Puis il s’éloigne un peu et se prosterne face contre terre ; il demande que cette heure passe loin de lui si cela se peut. Et il dit : “Abba, Père, tout t’est possible, éloigne cette coupe loin de moi !
Et cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux.”

Après quoi Jésus va vers les disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : “Simon, tu dors ?
Tu n’as pas été capable de rester une heure éveillé ? Veillez et priez pour ne pas être pris dans la tentation.
Car l’esprit est plein d’ardeur, mais la chair est faible.”

De nouveau, il s’éloigne pour prier et redit les mêmes paroles. Puis il revient vers les disciples et les trouve endormis ; leurs yeux étaient lourds de sommeil et ils ne savaient que lui répondre.

Une troisième fois il revient et leur dit : “C’est bien le moment de dormir et de vous reposer !
Cette fois l’heure est venue où le Fils de l’Homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous, allons !
Celui qui me livre est proche”.

 

Le contexte
La sainte cène, dernier repas au cours duquel Jésus a laissé entendre que sa vie sera donnée jusqu’au bout est achevée. Sentant bien que son arrestation est proche, Jésus part avec ses disciples à Gethsémani. Parmi les douze, seulement trois vont l’accompagner dans ce combat intérieur. Pierre, Jacques et Jean présents lors de la transfiguration, épisode clé où ils ont saisi le lien filial entre Dieu et Jésus sont les témoins passifs de cet épisode ô combien douloureux.

Les disciples
Jésus demandera aux trois disciples de s’associer à lui dans la prière. La mission que Jésus leur confie est grande. Pourtant à trois reprises, ils vont s’endormir comme s’ils ne parvenaient pas à saisir l’enjeu. On peut noter le rôle particulier de Pierre que Jésus interpelle en particulier : « Simon, tu dors ! » Cette somnolence des disciples dit quelque chose de leur attitude intérieure. Le sommeil dont ils sont accablés est un sommeil existentiel. Ils sont perdus, ils ne comprennent plus du tout ce qui se passe. D’ailleurs dans l’évangile de Marc, après l’arrestation de Jésus, plus aucun disciple n’intervient jusqu’à sa mort. Jésus est seul.
Les disciples l’ont totalement abandonné.

L’agonie de Jésus
A Gethsémani commence son agonie, étymologiquement son (dernier) combat. Comme tout être humain, Jésus mène ici un combat contre la souffrance et la mort. Jésus demandera la force divine pour dominer la faiblesse de sa propre chair. Il fallait que notre salut soit voulu humainement par une personne divine dira un Père de l’Eglise, Maxime le Confesseur à propos du Christ.

Les prières de Jésus au Père :
« Mon Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi ». C’est une coupe qui suggère une fin douloureuse. Le désir de Jésus est ne pas souffrir.
Sa réticence rejoint la crainte de toute personne face à la souffrance.
 « Que ta volonté soit faite ». Cette parole du Notre Père, exprime le cheminement spirituel de Jésus afin que sa volonté humaine épouse la volonté de son Père. Jésus entre véritablement dans la logique de son Père.

Pour actualiser
Pascal a dit : « Pendant que les disciples dormaient à Gethsémani, Jésus a opéré leur salut ». Il est bien clair que c’est le Christ  qui est le Seul Sauveur.
Pour autant, nous collaborons à la diffusion du salut. Autrement dit, si nous pouvons nous reconnaître dans ces disciples qui par peur ne se sont pas sentis capables de soutenir le Christ dans cette terrible épreuve contre le mal, nous pouvons aujourd’hui devenir les mains, les pieds, le cœur du Christ afin de prolonger son rôle bienveillant, apaisant, salvateur dans la vie de ceux qui nous entourent, en particulier des plus fragiles.

Le mot de la semaine : GETHSEMANI
Gethsémani est un lieu bien connu dans la mémoire traditionnelle, lieu du jardin des parents de Marc.
Ce mot signifie « pressoir à huile », ce qui n’a rien d’étonnant dans le jardin des oliviers.
Dans cette solitude de la prière, Jésus cherche à la fois des compagnons et des témoins pour que plus tard, ils puissent dire ce qui s’est passé