Tous à la pêche

Évangile de Jésus-Christ selon Saint Marc

Après l’arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ;
il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. »
Passant au bord du lac de Galilée, il vit Simon et son frère André en train de jeter leurs filets :
c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : «Venez derrière moi. Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent. Un peu plus loin, Jésus vit Jacques, fils de
Zébédée, et son frère Jean, qui étaient aussi dans leur barque et préparaient leurs filets. Jésus les appela aussitôt. Alors, laissant dans la barque leur père avec ses ouvriers, ils partirent derrière lui.»

 

Le contexte
Nous sommes au tout début de l’évangile écrit par Saint Marc. Après avoir parlé de Jean le baptiste, il nous présente une scène typique de vocation. Jésus, au bord du lac de Galilée,  appelle quatre hommes à le suivre. Il le fait, mais pas de n’importe quelle manière…

Comment s’y prend-il ?
Jésus n’appelle pas dans la synagogue ou lors d’un entretien en privé, il sollicite ceux qui deviendront ses disciples au cœur de leur quotidien, durant un temps de travail puisque Simon, André, Jacques et Jean sont en train de pêcher.
Remarquons qu’il ne leur dit pas « faites ceci, ou cela » mais « venez à ma suite ». Il ne s’agit pas tant d’agir que de suivre celui qui montre le chemin pour devenir de véritables disciples du Christ. Cela nous rappelle que suivre de Jésus est avant tout de l’ordre d’une réponse à une amitié qu’il nous propose. Jésus veut être mon ami, ma liberté ainsi sollicitée, je suis invité à l’accepter avec générosité.

Pas en solitaire et même deux par deux :
Pour mener à bien sa mission qui consiste à sauver l’humanité, Jésus n’agit pas en solitaire, il décide d’avoir besoin de personnes qu’il associe à sa mission. Un détail étonnant : Jésus appelle des frères, une manière de nous dire que suivre Jésus, répondre à son appel consiste à concrétiser une autre forme de fraternité plus large, non plus fondée sur les liens du sang mais sur une réponse à l’appel du Christ.

Comment répondent-ils ?
On est frappé par la réponse immédiate des disciples. Elle semble si éloignée de notre manière de faire.
Pour autant, Marc nous raconte cela non pas pour nous décourager mais pour nous détailler en quoi consiste
« marcher à la suite du Christ  Remarquons quelques éléments marquants :
Les disciples laissent leurs filets. Être disciple, c’est vivre sans filet, sans sécurité, sans protection autre que celle que nous procure le Seigneur.
Comme un escargot sans coquille…
Il s’agit aussi de laisser leur père pour un autre Père.
Comme la fraternité, la notion de paternité est élargie à la mesure de l’amour divin.
Jésus exploite leurs compétences humaines.
Quand on est disciple, au fond, on garde son activité en l’orientant différemment, en lui donnant un autre sens. Enfin, devenir disciple implique de laisser les ouvriers c’est à dire le pouvoir que l’on peut avoir sur d’autres.

Pour aujourd’hui :
Jésus s’y prend encore de cette manière aujourd’hui. Il vient nous chercher au cœur de notre vie
de tous les jours pour nous associer à sa mission.
Concrètement, il nous appelle. Pas forcément pour des activités extraordinaires…
Saurons l’entendre et lui répondre généreusement ?

 

Le mot du jour : PÊCHE
Les disciples appelés dans cet Évangile sont des pêcheurs. Ils ne pêchaient ni à la ligne mais à l’épervier. Comprendre cette technique de pêche permet de rentrer mieux encore dans l’intelligence de ce passage: Le pêcheur est dans l’eau jusqu’à la taille, il jette le filet et le ramène à terre. Le pêcheur est donc déjà comme un poisson. Cela nous permet de réaliser que le premier pécheur d’hommes est Jésus lui-même puisque les pêchés (les disciples) sont dans l’eau et qu’il les fait sortir. Il fait d’eux ce qu’il fait d’abord lui !
La pêche est une image qui évoque le baptême, ce passage de la mort (la mer) à la vie. Jésus sort de l’eau au jour de son propre baptême, il sort les disciples de l’eau de la mort et demande à ses disciples de faire la même chose par le baptême qu’ils donneront plus tard.