La Trinité pour les « nuls »…
La Trinité, une Bonne Nouvelle ? Pour beaucoup de chrétiens, il faut bien reconnaître que la Trinité importe peu. Les non-chrétiens, quant à eux, perçoivent la Trinité bien souvent, de l’extérieur, comme une formule d’algèbre religieuse étrange, difficilement pensable et croyable. Pour eux, la Trinité fait même figure d’obstacle à la foi elle-même. Du côté des autres traditions religieuses, en particulier de l’Islam, ce n’est pas plus facile : que Dieu ait un fils semble une absurdité, voire une contradiction avec sa propre nature divine. Pourtant, les choses sont en train de changer. Comment ? Pourquoi ?
(…) La foi trinitaire des chrétiens repose sur le témoignage de Jésus. Toute sa vie durant, il apparaît, en effet, en relation étroite avec Dieu qu’il invoque comme son Père. Entre lui et son Père, il y a une communion dans l’Esprit ; un Esprit d’amour qu’il reçoit, dont il est habité et qu’il communique fraternellement aux siens. D’emblée, l’expérience pascale des premiers chrétiens a été d’éprouver, de proclamer et de célébrer le salut de Dieu « Père, Fils et Esprit ».
Pourtant, le mot « Trinité » n’est pas présent dans le témoignage des Ecritures. Il est issu de la Tradition, de la réflexion et des débats – parfois houleux – que la foi en Dieu « Père, Fils et Esprit » a suscités entre les chrétiens comme avec leur entourage culturel. Il y a donc trois Dieu, ont dit certains. Non, ont répondu les pasteurs rassemblés en Concile, il n’y a qu’un seul Dieu. Mais, ont ajouté d’autres, s’il n’y a qu’un Dieu, alors, le Père, le Fils et l’Esprit doivent être des modalités, des facettes, des apparences changeantes d’un même Dieu !
Non, leur a-t-on répondu, Père, Fils et Esprit sont des personnes vraiment différentes : l’une n’est pas l’autre. Mais s’il en est ainsi, ont rétorqué d’autres encore, les trois personnes ne sont pas vraiment égales : le Père est celui en qui réside pleinement la divinité tandis que les deux autres personnes appartiennent à la divinité de manière moindre, de manière subordonnée, à la limite, comme des créatures. Non, a-t-il été conclu après de nombreux échanges : les trois personnes sont égales en divinité. Ainsi se constituait, dans le débat et le discernement, la base de toute théologie trinitaire ultérieure; il n’y a qu’un seul Dieu en trois personnes distinctes qui sont égales en divinité. Trois affirmations de base étaient ainsi posées : l’unité, la différence et l’égalité des trois personnes divines. Le Credo que nous confessons durant l’Eucharistie dominicale en est la trace historique et le témoignage.
Cet amour trinitaire de Dieu qui se met en partage dans la création est à l’origine de tout amour en nous, qu’il soit parental ou filial, conjugal ou amical. Ces différentes modalités de l’amour, nous les vivons de manière distincte. Mais la vie amoureuse de Dieu, en quelque sorte, les réunit toutes sans distinction. L’amour de Dieu, en effet, est parental et filial puisqu’il est question de Père et de Fils. Mais il est aussi de type conjugal ainsi que le suggère la Tradition lorsqu’elle parle des relations entre les personnes divines en termes de circumincession, d’interpénétration dans leur complémentarité et différence. L’amour de Dieu est encore d’amitié lorsque les personnes divines apparaissent comme des vis-à-vis l’une pour l’autre, sans subordination, dans l’égalité. Ainsi, pour toutes les modalités de l’amour qu’il nous est donné de vivre, pouvons-nous rendre grâce à la Trinité en qui elles sont présentes comme en leur source.
Enfin, ajoutons encore que le modèle trinitaire – parce qu’il est différenciant et personnalisant – induit une relation à Dieu qui n’a rien de fusionnel. L’originalité et la force du message chrétien, à cet égard, sont de dire que plus je m’approche de Dieu, plus je deviens moi-même dans ma différence, dans ma singularité propre. Aller vers Dieu, ce n’est pas se fondre en Lui, mais c’est aller vers soi, c’est advenir à soi-même et s’aimer soi-même.
Aller vers Dieu « Père, Fils et Esprit », c’est trouver la liberté d’écrire sa vie en laissant s’accomplir en nous, jusqu’au bout, la grâce de notre création. Oui, assurément, l’annonce de la Trinité est véritablement une Bonne Nouvelle à vivre pour le monde comme pour chacun et chacune d’entre nous.
D’après un article d’André Fossion s.j. dans Lumen Vitae, Belgique
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Une réflexion sur le mystère de Noël proposée par notre évêque
Le mystère de la naissance du Christ éclaire celui de la vocation de l’Église et de toute vocation dans l’Église.
À côté d’une la fontaine, un panneau informe le visiteur que cette eau jaillit ici après un circuit souterrain de plus de dix-sept mille ans ! Dix-sept mille ans… Ce qui signifie, me disais-je, que cette goutte d’eau qui ruisselle encore sur mon bras est tombée d’un nuage sur un pâturage de Lozère avant même que les troupeaux d’Abraham n’aient quitté ceux de la Chaldée ! Et le bien que cette eau va faire à mon corps s’est préparé pendant des millénaires à travers un étonnant circuit de descentes et de remontées dans les entrailles de la Terre…
De retour à Marseille, j’eus tôt fait de passer des lenteurs de la nature aux urgences de la rentrée ! Mais l’étonnante histoire de cette eau millénaire ne m’a pas quitté. Et en ce début d’Avent, une méditation de Teilhard de Chardin sur la longue préparation du mystère de l’Incarnation m’est revenue en mémoire :
« Les prodigieuses durées qui précèdent le premier Noël ne sont pas vides de Lui, mais pénétrées de son influx puissant. […] Il ne fallait rien moins que les labeurs effrayants et anonymes de l’homme primitif, et la longue beauté égyptienne, et l’attente inquiète d’Israël, et le parfum lentement distillé des mystiques orientales, et la sagesse cent fois raffinée des Grecs pour que, sur la tige de Jessé et de l’Humanité, la Fleur pût éclore. Toutes ces préparations étaient cosmiquement, biologiquement, nécessaires pour que le Christ prît pied sur la scène humaine. »
Il fallait juste qu’une goutte d’eau, le « oui » de Marie, fît déborder le vase en surabondance de grâce. Il fallait juste que la Parole, longtemps enfouie dans l’humus de l’histoire, fît germer dans le vase d’argile d’une liberté humaine le désir de croire en la Promesse de Dieu. « Que tout se passe pour moi selon ta Parole ! »
Le mystère de la naissance du Christ éclaire celui de la vocation de l’Église et de toute vocation dans l’Église. Car même s’il s’agit toujours d’une réponse libre à un appel personnel, toute vocation est un événement ecclésial. La grâce qui, à un moment, permet à quelqu’un de dire « oui » est un peu comme la goutte d’eau des plateaux ardéchois : elle est le fruit d’une longue histoire d’alliance et de fidélité, filtrée par la foi de générations d’hommes et de femmes au travers desquels, mystérieusement, agit l’Esprit. Toute vocation a pour terreau la foi d’un peuple.
C’est la raison pour laquelle nous sommes tous concernés par le travail de l’Esprit Saint qui, aujourd’hui autant qu’autrefois, cherche à faire éclore des vocations dans notre diocèse. Ce travail de l’Esprit a besoin de notre accueil, de notre prière, de notre foi en la promesse. Laissons l’Esprit donner à l’Église les vocations dont le monde a ou aura besoin. Elles peuvent nous surprendre, mais lui seul connaît le long tempo de la grâce et le moment de sa fécondité.
Garde-nous tout petits devant ta face, Seigneur, et disponibles comme une eau…
Joyeux Noël à tous !
La dernière visiteuse
(conte de Noël)
C’était à Bethléem à la pointe du jour. L’étoile venait de disparaître, le dernier pèlerin avait quitté l’étable, la Vierge avait bordé la paille, l’enfant allait dormir enfin.
Mais dort-on la nuit de Noël ?…
Doucement la porte s’ouvrit, poussée, eût-on dit, par un souffle plus que par une main, et une femme parut sur le seuil, couverte de haillons, si vieille et si ridée que, dans son visage couleur de terre, sa bouche semblait n’être qu’une ride de plus.
En la voyant, Marie prit peur, comme si cela avait été quelque mauvaise fée qui entrait. Heureusement, Jésus dormait ! L’âne et le boeuf mâchaient paisiblement leur paille et regardaient s’avancer l’étrangère sans marquer plus d’étonnement que s’ils la connaissaient depuis toujours. La Vierge, elle, ne la quittait pas des yeux. Chacun des pas qu’elle faisait lui semblait long comme des siècles.
La vieille continuait d’avancer, et voici maintenant qu’elle était au bord de la crèche. Grâce à Dieu, Jésus dormait toujours.
Mais dort-on la nuit de Noël ?…
Soudain, il ouvrit les paupières, et sa mère fut bien étonnée de voir que les yeux de la femme et ceux de son enfant étaient exactement pareils et brillaient de la même espérance.
La vieille alors se pencha sur la paille, tandis que sa main allait chercher dans le fouillis de ses haillons quelque chose qu’elle sembla mettre des siècles encore à trouver. Marie la regardait toujours avec la même inquiétude. Les bêtes la regardaient aussi, mais toujours sans surprise, comme si elles savaient par avance ce qui allait arriver.
Enfin, au bout de très longtemps, la vieille finit par tirer de ses hardes un objet caché dans sa main, et elle le remit à l’enfant. Après tous les trésors des Mages et les offrandes des bergers, quel était ce présent ? D’où elle était, Marie ne pouvait pas le voir. Elle voyait seulement le dos courbé par l’âge, et qui se courbait plus encore en se penchant sur le berceau. Mais l’âne et le bœuf, eux, le voyaient et ne s’étonnaient toujours pas.
Cela encore dura bien longtemps. Puis la vieille femme se releva, comme allégée du poids très lourd qui la tirait vers la terre. Ses épaules n’étaient plus voûtées, sa tête touchait presque le chaume, son visage avait retrouvé miraculeusement sa jeunesse. Et quand elle s’écarta du berceau pour regagner la porte et disparaître dans la nuit d’où elle était venue, Marie put voir enfin ce qu’était son mystérieux présent.
Ève (car c’était elle) venait de remettre à l’enfant une petite pomme, la pomme du premier péché (et de tant d’autres qui suivirent !). Et la petite pomme rouge brillait aux mains du nouveau né comme le globe du monde nouveau qui venait de naître avec lui.
Jérôme et Jean Tharaud,
Les Contes de la Vierge
Recueilli par Marc Olivieri (diacre)
Pour se préparer à la venue de l'Enfant
Mgr Ellul
Avent
St Léon
Brève histoire de St Léon
Tous saints !
Ne nions pas l’évidence, la sainteté à mauvaise presse. Elle ne nous attire pas le moins du monde.
Il n’y a qu’à regarder certaines statues de nos églises pour s’en convaincre. Nous n’avons pas franchement envie de ressembler à ces saints avec leur sourire figé et leur attitude un peu forcée.
Et pourtant ? Nous savons bien qu’avant d’avoir été statufiés, les saints ont été des personnes en chair et en os, pleines de vitalité et de bonté. J’aimerais tant vous donner ou redonner envie d’être saint.
Je ne parle de la perfection morale qui n’a pas grand-chose à voir avec la sainteté. Prendre Jésus comme modèle et essayer de l’imiter est déjà un premier pas. Mais approfondissons la question…
Prenons un exemple, Sainte Térésa de Calcutta.
Nous connaissons maintenant les difficultés spirituelles terribles qu’elle a vécues. Il est étonnant de constater ce lien entre ce que Mère Térésa ressentait de Dieu et ce qu’elle donnait aux autres. C’est parce qu’elle vivait cet abandon de Dieu qu’elle pouvait, semble-t-il rejoindre les abandonnés de la vie. Abandonnée de Dieu, elle s’est donnée aux abandonnés. Paradoxal, illogique, surprenant !
Tel est un aspect de la sainteté. On retrouve le mystère pascal qui consiste en cette capacité de l’homme à la suite de Jésus de donner vie là même où il y avait de la mort, de l’échec, du raté.
Autrement dit, la sainteté est cette capacité que nous avons tous, de convertir nos blessures, tout ce qui nous affecte au plus profond en vocation, en appel intérieur à agir pour Dieu, pour les autres.
Et ce que je vous raconte n’est pas réservé à une élite.
Un autre exemple : il y a quelques années, deux amoureux viennent me voir, ils envisagent de se marier.
Elle, tourmentée par une relation amoureuse ancienne chaotique qui l’a profondément salie.
Lui, renfermé sur lui-même, ayant comme vision de l’amour, celle colportée par la télévision, internet…
De rencontre en rencontre, ils réalisent que ce cheminement qui les a conduits au mariage est un véritable chemin de sainteté. Pourquoi ? Ils ont été capables grâce à Dieu, grâce à leur amour réciproque de transformer leurs blessures en vocation, en don.
La sainteté naît au fond de cette réponse de l’homme qui puise en ses faiblesses, une énergie qui ne vient pas seulement de lui. Une attitude profondément humble.
Il ne s’agit pas d’offrir à Dieu ce que nous avons de mieux en nous-mêmes, il s’agit de s’appuyer sur ce qui est faible, blessé, cabossé en nous pour nous ouvrir de nouvelles perspectives.
Cette écharde dans la chair dont nous parle saint Paul, cette blessure inguérissable n’est elle pas ce lieu privilégié par lequel Dieu transforme notre existence.
N’est-elle pas ce qui permet ce chemin de sainteté ?
Les saints ne sont-ils pas ces balafrés de la vie aux cicatrices encore à vif qui, capables de ne pas en avoir honte acceptent de s’en servir pour aller de l’avant, pour donner de l’amour.
Bien sûr, Dieu ne nous met pas en travers de la route des obstacles pour nous faire mal, pour nous blesser. La vie s’en charge sans que Dieu en soit d’une manière ou d’une autre responsable.
Dieu nous offre de convertir ces difficultés en chemin de vie. C’est cela la sainteté.
Tu veux être un saint ?
N’aie pas peur de tes blessures,
elles pourront un jour te permettre de mieux entendre l’appel que Dieu t’adresse.
Alors, tu seras heureux !
P. Didier
Nouvelle Mission !
Août 2021 | Père Didier