Pépite d’Evangile

Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc
En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres,
Jésus dit la parabole que voici :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain.
Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même :
‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’ Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ;
mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’
Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste,
plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. ».

Se frapper la poitrine
Un publicain se frappe la poitrine. Ce geste religieux nous le connaissons et le pratiquons. Se frapper la poitrine de sa main droite est un geste de responsabilité qui implique l’intégralité de la personne. Oui, j’atteste que ce que je dis me concerne au plus haut point. C’est de moi dont il s’agit, pas du voisin. Nos liturgies ont conservé ce geste : lorsque nous disons au début de la messe « Oui, j’ai vraiment péché », par trois fois pendant le chant de l’Agneau de Dieu lors de la fraction du pain, et enfin au moment où nous nous souvenons de la déclaration d’un païen : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Se frapper la poitrine pour faire résonner ce qui correspond à la situation du moment, quand je fais ce geste, participe à rendre compte de la situation dans laquelle je suis, vécue dans la foi. Je parle et j’atteste.

Le pharisien
Le pharisien a de quoi rendre grâce à Dieu puisqu’il n’est pas comme les autres. Il en oublie de rendre grâce aussi pour ce qu’il a de commun avec eux ! Cet homme est seul, se contemplant dans son miroir, tout en faisant la liste exhaustive de ce qu’il fait. Il dresse ainsi en lui-même l’inventaire de ses actions confrontées au rapport qu’il entretient avec la Torah. Cela lui plaît et il a vraiment de quoi être fier. Sa logique verbale procède d’un soi à soi pour soi. 

Le publicain
Le publicain, par la collecte à laquelle il participe pour l’occupant romain a mauvaise presse. Ce sont des collaborateurs et des voleurs d’après la réputation qu’ils se sont faite. Il monte cependant au temple pour prier. Cet homme prend le risque d’être critiqué puisque publiquement de par sa profession, il n’est pas en règle avec la loi. 

Nous serons toujours débiteurs
Le péché consiste à croire que nous pouvons être en règle avec Dieu et envers les autres. Un seul l’a été une fois pour toute en notre faveur. Dans la prière nous risquons de passer à côté de la rencontre si notre préoccupation de sainteté se borne à un aspect formel et rhétorique. Le publicain debout dans le temple baisse les yeux et se frappe la poitrine. Il parle à Dieu humblement et en vérité, c’est-à-dire sans faux-semblant. Sa logique verbale procède du soi à soi pour l’autre. Il ouvre son cœur à Celui en qui il croit. Il accepte en quelque sorte de se dévêtir sous le regard bienveillant de son Dieu et dans une confiance très grande. Il n’a rien d’autre à offrir que sa présence : un corps qui parle.

Compter d’abord sur Dieu
En fait, le publicain ne compte pas sur son bilan pour être sauvé, ni pour se prétendre juste. Tout au contraire, il compte sur Dieu. Voici l’attitude qui permet au croyant de se laisser ajuster au salut. Il pourra découvrir par la suite comment ce salut procède dans son histoire personnelle et collective. Il fait bien partie du peuple élu. Celui des deux hommes qui sera justifié de retour dans sa maison est l’homme qui a reconnu que le mérite est du côté de Dieu. Il croit en Lui comme en un Père miséricordieux, lent à la colère et plein de tendresse. Il se frappe la poitrine pour laisser surgir de son existence ce qui intéresse au plus haut degré ce Dieu qui l’a créé par amour, pour vivre l’Alliance. Tout le mérite vient de Dieu.

Pour actualiser
Le publicain confesse qu’il n’est pas à la hauteur de l’amour que le Seigneur a pour lui.
En cela, chacun de nous peut se reconnaître pécheur, puisque nous ne pourrons jamais aimer qualitativement Dieu comme Il nous aime et se donne. Ainsi, la sainteté est ce chemin par lequel nous pouvons approcher et expérimenter cet amour jusqu’au jour où il nous embrasera entièrement, dans la fin des temps.