Pépite d’Evangile

Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc
Jésus leur raconta cette parabole pour dire qu’il faut prier sans cesse et ne pas se décourager :
“Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et se moquait des gens.
Dans cette même ville il y avait une veuve qui venait lui dire : ‘Rends la sentence contre mon adversaire.’
Tout un temps il refusa ; puis il se dit : C’est vrai que je ne crains pas Dieu et que je n’ai rien à faire des gens, mais cette veuve me dérange à un tel point que je vais lui faire justice ; sinon elle finira par me casser la tête.”
Le Seigneur ajouta : “Écoutez bien ce qu’a dit ce juge très peu juste. Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus s’ils crient vers lui jour et nuit alors qu’il les fait attendre ! Je vous le dis : Il leur fera justice, et vite.
Mais quand viendra le Fils de l’Homme, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ?”

 

Le contexte
Jésus marche résolument vers Jérusalem, lieu de sa Passion et de sa Résurrection. L’étape de ce dimanche nous présente une parabole dont Luc nous donne la clé dès son introduction : Il faut prier sans cesse et ne pas se décourager. On se doute que si Jésus insiste sur ce thème, c’est que ses disciples ont du mal à prier avec insistance. Cette difficulté est aussi la nôtre.
 
La figure du juge
Ce mauvais juge nous présente en creux la figure du bon juge qui n’est autre que le Christ lui-même. Quelques traits qui le caractérisent :
Il ne craint pas Dieu et se moque des gens. A nous de comprendre que le Bon Juge aime ses brebis, qu’il se sent concerné par ce qu’elles vivent. Nous l’avons déjà appris dans d’autres passages de Luc. De plus, le juge accepte d’être soumis à Dieu. Son pouvoir lui vient d’un autre. La soumission n’a rien à voir avec la peur. Être soumis, c’est accepter de se situer vis à vis de Dieu en dépendance confiante comme un enfant par rapport à sa mère.
Dans un premier temps, il ne rend pas de jugement : Au fond, le mauvais juge refuse de faire son travail soit par paresse, soit par incompétence, soit par manque de courage. Le Christ, le Bon juge assume sa responsabilité pour discerner ce qui est juste. Dans un second temps, il fait justice à la veuve parce qu’il s’en sent obliger. Pour le Christ, rendre justice est un acte de miséricorde qui lui est naturel.

Approfondissons un peu…
Au départ, dans sa situation d’impuissance en face du juge, la veuve représente chacun de nous. En effet, face à Dieu, nous n’avons aucun mérite ou titre à faire valoir, qui pourrait justifier la bienveillance divine. La veuve de la parabole demande qu’il lui soit fait justice : nous n’en sommes pas là, car la justice risquerait de nous être fatale. Soyons-en convaincus, nous n’avons rien pour plaire qui ne nous soit donné. Notre vérité n’est pas revendication de justice, mais action de grâce. Heureusement, nos exigences de justice ne sont pas entendues de Dieu. Cela ne doit pas nous attrister ou nous déprimer, mais au contraire nous rassurer et nous libérer. Avec le Christ, nous sommes déjà justifiés et nous pouvons sortir du régime de la justice pour entrer dans celui de l’amour.

Inversion des rôles
On peut comprendre cette parabole d’une autre manière. La veuve représente Dieu qui quémande notre attention, notre prière et le juge, c’est chacun d’entre nous. Parfois, nous ne prêtons aucune attention à Dieu et au fond, c’est cela ne pas prier. Parfois, parce que nous y sommes obligés, nous écoutons Dieu, cette veuve qui inlassablement mendie un peu de notre présence, de notre prière.