Pépite d’Evangile

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Luc

Le peuple était dans l’attente et tous se demandaient si Jean ne serait pas le Messie. Alors Jean leur répondit à tous : “Moi, je vous baptise avec l’eau. Mais un autre vient, plus fort que moi : je ne suis pas digne de délier les lacets de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.

Il tient dans sa main la pelle pour nettoyer son blé ; il rassemblera le grain dans son grenier, mais la paille, il la brûlera dans le feu qui ne s’éteint pas.” Avec ces instructions et beaucoup d’autres, Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. Jean avait fait des reproches à Hérode, le gouverneur, à propos d’Hérodiade femme de son frère, mais aussi à propos de tout ce qu’il faisait de mal. Pour cette raison Hérode ajouta à tous ses autres crimes celui de faire jeter Jean en prison. 

Avec tout le peuple qui recevait le baptême, Jésus aussi se fit baptiser. Comme il priait, le ciel s’ouvrit  et l’Esprit Saint descendit sur lui sous une forme visible, comme une colombe. Et du ciel vint une voix :
“Tu es mon Fils : moi aujourd’hui, je t’ai engendré..»

Le contexte
Nous sommes tout au début de l’Evangile. Comme beaucoup d’écrivains de l’antiquité, Luc nous propose une histoire parallèle de deux personnages importants : Jean le Baptiste et Jésus. Ici, nous assistons à une forme de passage de relais entre les deux. Remarquons que Jean et Jésus ne se rencontrent pas. Ils ne l’auront fait qu’au moment de la Visitation grâce à leurs mères.

Jean- Baptiste et Jésus
Ce passage nous annonce tout l’enjeu de l’Evangile : reconnaître celui qui est le vrai Messie, le vrai Christ et accepter que celui-ci ne soit pas celui qu’on imagine. Jean avait des atouts pour l’être (une naissance miraculeuse, un zèle apostolique remarquable, une liberté incroyable). Pourtant, ce ne sera pas lui mais Jésus.

Baptême d’eau et baptême d’Esprit Saint ?
Jean distingue dans son discours ces deux baptêmes. Le baptême qu’il prodigue est un baptême de conversion, de purification alors que le baptême d’Esprit Saint et de feu est plus que cela. Celui donné par Jean est un baptême pour le pardon des péchés et pour un changement de vie. Et c’est déjà très beau ! Celui de Jésus nous permet de nous associer à ce que Jésus a vécu en plénitude lors de sa mort et de sa résurrection : une vie nouvelle, une vie qui surgit par-delà la mort.

Pourquoi Jésus accepte-t-il d’être baptisé ?
Jésus se fait baptiser par Jean parce qu’il veut se rendre solidaire de ses frères pécheurs. Il préfigure par ce rite du baptême l’heure où il prendra le visage de notre détresse et de notre mal. Au seuil de l’Évangile, voici déjà annoncé le terme du parcours. Jésus, par son baptême plonge dans la condition humaine pour en épouser toutes les réalités, tous les drames, toutes ses spécificités. Ce n’est pas par nécessité qu’il se fait baptiser mais par désir, par vocation, parce que c’est sa mission de rejoindre les hommes là où ils (en) sont.

Son baptême comme révélation d’un Dieu trinitaire
Le baptême fait apparaître les trois personnes divines, Jésus qui prie et qui est baptisé, l’Esprit Saint qui est représenté par une colombe et le Père dont on entend la voix dire : « Celui-ci est mon Fils, aujourd’hui, je l’ai engendré ». Ce n’est pas un détail. Bien au contraire, cet événement nous renseigne sur qui est Jésus, non seulement le Messie tant attendu mais aussi le Fils de Dieu c’est à dire Dieu qui s’est fait homme. Il nous précise le lien si fort qu’entretiennent le Fils et le Père dans l’Esprit-Saint, un lien d’amour inégalable.

Le mot du jour

Sandales


Dans un petit livre de la Bible, un Juif Booz séduit par la beauté de Ruth, une étrangère conclut un marché pour acquérir les terres de sa famille. Or, il y une coutume en Israël en cas de rachat ou d’héritage : pour valider toute l’affaire, l’un ôtait sa sandale et la donnait à l’autre. Ainsi Booz retire sa sandale pour racheter l’étrangère qu’il aimait plus que tout. Ce passage biblique préfigure le geste de Jésus retirant sa sandale au Jourdain au moment du baptême pour racheter tous ceux qui se croient étrangers à Dieu, trop loin de Dieu, mais que lui Jésus aime plus que Booz aimait Ruth. Jean-Baptiste qui sait rester à sa place reconnaît que cet amour est si grand qu’il ne peut en être que le témoin, pas l’acteur à la place de Jésus, l’époux véritable qui ôte sa sandale pour se marier à notre humanité…