Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu
“Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd son mordant, avec quoi le salera-t-on ?
Il ne sert plus à rien ; on le jette dehors et il sera piétiné.
Vous êtes la lumière du monde. Comment cacher une ville bâtie au sommet de la montagne ?
Personne n’allume une lampe pour la mettre sous le boisseau : on la met sur un lampadaire,
et elle donne sa lumière à toute la maison. Que votre lumière, de même, brille devant les hommes :
qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils rendent gloire à votre Père qui est dans les Cieux.”.
Le contexte
Nous sommes au début de la vie publique de Jésus. Dans un long enseignement connu sous le nom de « discours sur la montagne », Jésus développe une synthèse de sa pensée. Dans cet extrait, Jésus exhorte ses disciples à prendre conscience de ce qu’ils sont : « Sel de la terre » et « Lumière du monde ».
Le sel de la terre
Pour les Juifs, le sel n’était pas d’abord ce qui donne du goût, mais ce qui conserve les aliments.
L’alliance de Dieu avec son peuple était “alliance de sel” car elle devait durer toujours.
Les disciples de Jésus sont donc le sel de la terre si, grâce à eux, le monde reste dans l’alliance avec Dieu.
Ils doivent maintenir l’aspiration à la vraie justice et ne jamais permettre que les sociétés humaines se contentent de leur médiocrité.
Il ne s’agit pas de devenir du sel parce que nous le sommes déjà.
Ce qui compte est de faire en sorte que nous conservions ses propriétés en nous
sinon le sel sera piétiné, devenant inutile.
La lumière du monde
Nous sommes dans ce monde pour mettre en valeur sa beauté.
Nous ne sommes pas lumières pour nous-mêmes mais pour illuminer nos proches afin d’y porter un regard d’amour qui révèle le vrai visage des personnes et des choses.
Cela renvoie à notre existence quotidienne : Sommes-nous lumineux ?
Pour qui sommes-nous véritablement des lumières ?
Sel et lumière
A première vue, ces deux paroles de Jésus se contredisent. En effet, le sel se mélange aux aliments,
il est comme perdu dans la masse à laquelle il donne du goût. Par contre, la lumière ne doit pas être cachée mais mise en évidence. Et Jésus insiste : pas sous le boisseau (voir mot du jour), mais sur le lampadaire.
Si notre but est d’être bien vus et d’en retirer quelque prestige, nous nous mettons en quelque sorte à la place de Dieu ; si au contraire nous cherchons à convaincre les autres de la valeur du message qui nous fait vivre,
la « gloire » ne vient pas sur nous mais va à Dieu. C’est dans cette lumière que nous devons marcher.
Elle ne vient pas de nous mais de lui. Nous n’en sommes que le reflet, dans la mesure
où nous donnons à voir l’amour dont nous nous savons aimés.
Sel et lampe
Le sel et la lampe ont ceci de commun qu’ils n’existent pas pour eux-mêmes. La vocation du sel est de disparaître en accomplissant sa mission, de même, peu importe que la lampe soit jolie ou pas, ce qui compte, est qu’elle éclaire. Le plus important n’est donc pas le sel ou la lampe mais plutôt la terre et le monde.
Telle est notre mission pour nous les chrétiens, être au service de ce monde pour qui Jésus a donné sa vie,
se mettre au service de cette terre qui est « comme notre mère » nous a rappelé le pape François dans son encyclique sur l’écologie.
Au fond, l’Eglise n’existe que pour le monde. C’est sa raison d’être. Il est toujours bon de nous en souvenir.
Le mot de la semaine : BOISSEAU
Derrière l’image utilisée par Jésus, il y une allusion à un rite familial de la fête juive de la Hanoucca
(fête de la lumière). Elle fait mémoire de la profanation du temple en 169 avant Jésus-Christ,
Judas Macchabée voudra purifier le sanctuaire en rallumant le grand chandelier à sept branches.
Comment faire ? Il faut une lampe à huile que l’on trouvera cachée dans une grotte.
Pour les juifs, la présence divine s’était donc cachée pendant la profanation du Temple au creux d’un rocher.
En souvenir de cet évènement, les pharisiens veillaient à ce que la lampe de leur maison soit absolument pure. C’est pourquoi, ils la mettaient sous le boisseau.
Elle ne pouvait pas éclairer, par exemple un corps nu. Jésus inverse la perspective.
L’impureté n’est pas située là, la lumière doit être bien en vue, l’impureté est dans le cœur.