Homélie sur l’évangile du 3ème dimanche du Temps pascale B
Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi !
Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai.
C’est l’expérience bien concrète, du Ressuscité qui a convaincu les premiers chrétiens qu’il n’y avait pas que l’âme qui ressuscite mais bien l’ensemble du corps.
En effet, c’était bien Lui qu’ils voyaient.
Lui avec son côté ouvert et la marque des clous sur ses mains et sur ses pieds,
Lui qui demandait à manger avec eux.
Ce Jésus, vrai Dieu et vrai Homme, est entré dans la vie en Dieu, en son corps et en son âme.
C’est bien un être humain semblable à nous qui est passé de la mort à la vie,
un individu mieux une personne fait d’un corps de chair
animé par une âme, par un esprit.
Il n’est pas d’homme qui ne soit corps et esprit, à la fois ici-bas et pour l’éternité.
C’est cela croire en la résurrection de la chair.
Attention à ne passer laisser travailler notre imagination. Refusons-nous d’aller au-delà de cette expérience et de cette conviction. St Paul parle d’un corps glorieux.
Parler de la résurrection de la chair, c’est donc parler de la résurrection de la personne, corps et âme, dans sa dimension relationnelle. Nous nous reconnaitrons.
De tout cela, une conséquence :
la grandeur de toute personne humaine dans son corps et dans son esprit,
sa dignité infinie la différenciant ainsi des purs esprits ou du reste des créatures.
Bref, le corps n’est pas le tombeau de l’âme mais l’expression de notre identité.
Pas une carapace mais rien d’autre que nous-mêmes.
Quelles implications éthiques ?
Quand nous proclamons la dignité de tout être humain,
nous la proclamons de son corps et de son esprit.
Ni sa beauté, ni sa santé,
ni son intelligence ne le rendent +/- humain ou +/- digne.
C’est pourquoi :
– L’Église proclame la dignité de l’embryon humain, qui mérite les marques de respect dues à une personne. Son utilisation comme matériau de recherche relève de l’inacceptable.
– De même, on ne peut faire du corps de chair, comme dans le principe de la gestation pour autrui, une marchandise.
– Par ailleurs, le respect de l’unité du corps et de l’esprit ne s’accommode de la prostitution ou d’autres pratiques qui dénaturent le corps humain.
– C’est à cause de notre foi en la résurrection de la chair que la peine de mort est dénoncée comme un acte immoral et que la torture ne saurait être justifiée.
Respecter un être humain, c’est rendre à son corps, en toutes ces diverses circonstances,
les marques de respect dues à une personne.
Ces principes rappelées, n’oublions pas que toute situation éthique nécessite un discernement.
Il existe parfois des situations limite mais elles ne peuvent et ne doivent pas anesthésier nos consciences.
Migrant, enfant à naitre, personne handicapée, parent malade ou même en fin de vie, prisonnier, sportif de haut niveau leur dignité est absolue.
La foi en la résurrection de la chair ne nous exonère pas d’une forme de solidarité
Ainsi, l’Eglise nous invite à donner nos organes.
En enlevant quelque chose à notre corps,
ne deviendrait-il pas incomplet ?
Comment ressusciterait-il ?
Attention, ne perdons pas de vue que la résurrection de la chair n’est pas la réanimation de notre peau, de nos organes. C’est une transformation de tout notre être en un corps transfiguré à la fois le même et différent.
Ainsi, accepter de donner ses organes, c’est dire oui à la vie, c’est consolider une vie chancelante à partir d’une mort imprévue.
C’est aussi un signe de don de soi, n’est-ce pas une autre manière de faire ressusciter la chair ?