Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie

Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : 
“Que votre cœur ne se trouble pas : croyez en Dieu et croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père,
il y a beaucoup de demeures. Sinon, je ne vous aurais pas dit que je m’en vais pour vous préparer une place.
Quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai et je vous prendrai près de moi,
de sorte que vous soyez aussi là où je suis.
 Et vous savez le chemin pour aller où je vais.”
Thomas lui dit alors : “Seigneur, nous ne savons pas où tu vas, comment pouvons-nous en savoir le chemin ?”
Jésus lui dit : “Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne vient au Père sans passer par moi.
Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. D’ailleurs, dès maintenant vous le connaissez
et vous l’avez vu.”
Philippe lui dit : “Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit.”  
Jésus lui dit : “Philippe, j’ai été si longtemps avec vous et tu ne me connais pas encore ?
Celui qui m’a vu, a vu le Père. Comment peux-tu dire : Montre-nous le Père ?
Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Tout l’enseignement que je vous ai donné ne vient pas de moi, mais le Père demeure en moi pour accomplir ses propres œuvres.

 

Le contexte :
La première phrase résume bien tout ce discours.
« Ne soyez pas bouleversés, vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ». Il est bien évident que si Jésus leur dit cela, c’est que les disciples ne cachaient pas leur angoisse et ils ont de bonnes raisons de l’être. Ils se sentent cernés par la méfiance voire l’hostilité générale, ils réalisent progressivement que le compte à rebours est commencé.
 
Un Messie tel qu’on ne l’attendait pas…
Non seulement, ils sont dans l’angoisse mais certains témoignent d’une grande déception, ils espéraient que Jésus délivrerait Israël de l’occupation romaine.
On comprend donc que Jésus déplace leur espérance sur un autre terrain. La libération qu’il apporte se situe ailleurs, s’il ne comble pas l’attente terrestre de son peuple, il est pourtant celui qu’Israël attend depuis si longtemps.

Croire
Faisant appel à leur foi, Jésus revient plusieurs fois sur le verbe « croire ». Seulement, une chose est de croire en Dieu, une autre est de croire en Jésus, au moment précisément où il semble avoir définitivement perdu la partie. De plus, pour accorder à Jésus la même foi qu’à Dieu, il faut, pour ses contemporains, faire un saut considérable : saisir l’unité profonde entre le Père et lui. On comprend mieux la question de Philippe qui n’arrive pas à comprendre que le visage du Père n’est autre que celui de Jésus.

Je suis le Chemin…
Sous-entendu le chemin vers le Père. Autrement dit, pour aller vers le Père, nous sommes invités à emprunter la même route que celle de Jésus. Laquelle ? Vivre le commandement de l’amour. Aimer de tout notre cœur sans avoir peur du mépris, des difficultés et même de la mort. Ce chemin pascal de mort et de résurrection est celui de Jésus auquel nous sommes conviés dès aujourd’hui.

Je suis la vérité et la vie
 Ces paroles de Jésus qui commencent par « je suis » dont Jean raffole dans son évangile ne sont pas sans rappeler la  révélation de Dieu à Moïse lors de l’épisode du buisson ardent  « Je suis qui je suis »
Elles disent inséparablement l’identité de Dieu et de son Fils.

Le faire et le croire
Dans le dernier verset, Jésus dit clairement que c’est la foi en lui qui produit les œuvres.  Mais de quoi s’agit-il ? Les œuvres de Dieu renvoient pour ses auditeurs à cette grande œuvre de libération de son peuple au temps de Moïse. Cela veut donc dire que  désormais les disciples sont associés à l’œuvre entreprise par Dieu pour libérer l’humanité de tout esclavage au sens large. Cette promesse du Christ qui clôt l’évangile de ce dimanche devrait nous convaincre que cette libération est possible.

 


Le disciple de la semaine : Thomas
Il est l’un des douze et intervient à trois reprises selon les Evangiles. En plus de celui de ce dimanche, il y a l’épisode bien connu ayant lieu une semaine après la Résurrection qui donne lieu à cette béatitude prononcée par Jésus et qui nous est adressée : « Heureux qui croit sans avoir vu ! »
Mais Thomas n’est pas qu’une figure de l’incrédulité. Au moment de la mort de Lazare, Thomas s’écrie :
« “Allons-y, nous aussi, nous allons mourir avec lui !” Reconnaissons-lui aussi de la fougue et un zèle missionnaire qui le mènera à aller annoncer la Bonne Nouvelle jusqu’en Inde.