Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu
Jésus fut alors conduit par l’Esprit au désert pour y être tenté par le diable. Il resta quarante jours et quarante nuits sans manger, après quoi il eut faim. Le tentateur s’approche donc et lui dit :
“Si tu es Fils de Dieu, dis à ces pierres qu’elles deviennent des pains.” Mais Jésus lui répond :
“Il est écrit que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.”
Alors le diable l’emmène à la Ville Sainte et le dépose sur le rempart du Temple.
Et il lui dit : “Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il a donné pour toi un ordre à ses anges ;
de leurs mains ils te tiendront, de peur que ton pied ne heurte quelque pierre.
Mais Jésus lui répond : “Il est écrit aussi : Tu ne mettras pas au défi le Seigneur ton Dieu.”
Une fois encore le diable l’emmène à une très haute montagne et lui montre toutes les nations du monde,
dans toute leur splendeur. Et il lui dit : “Je te donnerai tout cela si tu tombes à mes pieds pour m’adorer.” Mais Jésus lui dit : “Retire-toi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, c’est lui seul que tu serviras.”
Alors le diable le laisse. Aussitôt des anges s’approchent, et ils le servent.’
Le contexte
Jésus est poussé au désert par l’Esprit Saint dans le but d’affronter le diable. Jésus résiste
et il résistera toute sa vie au démon. Après quarante jours de jeûne, le tentateur intervient alors que
Jésus est en position de faiblesse ! Il a faim, il n’a peut être pas toute sa lucidité.
Trois tentations sont détaillées ici.
Rappelons nous qu’une tentation est une initiative spirituelle du diable qui cherche à fausser
notre rapport à Dieu. Comment va réagir Jésus ?
La tentation du pain
Il ne s’agit pas d’une question de gourmandise ! Le piège du diable porte sur ce que Jésus a reçu lors de l’épisode précédent, son baptême. Jésus doit-il user d’un piston divin pour éviter la mort ?
Le diable lui fait croire qu’il n’a pas besoin d’aller jusqu’à la mort. Le diable semble lui dire :
« Puisque tu es le Fils de Dieu, tu n’as pas besoin de passer par la mort. Tu as été d’accord pour mourir, tu aimes ton Père et il le sait, ici ton Père te donne là le moyen d’échapper à la mort. Profite… ».
En réponse, Jésus cite le Père et renonce au moyen de ce monde (le pain) pour vivre de la Parole de Dieu et elle seule. Il rappelle cette belle parole du Deutéronome :
L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui vient de la bouche du Seigneur.
Pour ce carême, on peut penser à notre rapport à la Parole de Dieu, en quoi nous enseigne-t-elle
au quotidien ? Influence-t-elle nos choix de vie ?
La tentation de mettre Dieu à l’épreuve.
La citation du diable est tronquée pour lui donner un autre sens que dans le psaume dont elle est issue.
Sortir l’écriture de son contexte, la rend dangereuse. Le procédé est malheureusement fréquent.
Puisque Jésus a décidé d’aller à la mort, s’en remettant à son Père, le diable tente de faire de cet acte,
un suicide. La mort de Jésus serait facile parce qu’après, il va ressusciter.
Satan veut vider la mort de Jésus de son sens profond. Autant, mourir d’une mort facile…
Satan essaie encore de rompre la relation de Jésus au Père. L’acte du Fils serait un défi fait au Père.
Jésus montre par son refus que son attitude est un acte d’amour !
La mort n’est pas un mauvais moment à passer mais un véritable sacrifice, un don par amour.
Jésus ne met pas la pression sur le Père pour l’obliger à intervenir. Quel sens pour nous ?
Cela peut signifier dans nos vies que la foi repose sur une confiance filiale en Dieu
et ne revendique pas des miracles pour exister. Pour autant, sans les demander,
Dieu par son Esprit nous offre des signes qui renforcent notre foi qui ne sont en aucun cas des dus !
La tentation de l’idolâtrie.
Cette tentation concerne le pouvoir royal de Jésus.
Quel type de pouvoir est revendiqué par Jésus ?
La réponse de Jésus est claire. Le culte, seul Dieu peut le recevoir. A force de jouer avec d’autres formes de divinités, avec des idoles, le croyant prendre le risque de mettre en cause le point d’appui unique qui est Dieu. Cette tentation de l’idolâtrie qui consiste à croire en un Dieu à sa mesure peut nous faire sourire mais elle est fréquente dans nos vies. Pour savoir quel est notre véritable Dieu, il suffit de se poser en vérité ces questions simples : De quoi est-ce que je parle sans cesse ? Quel type d’activité me prend du temps ?
A quoi suis-je prêt à ne jamais renoncer ?
Pour actualiser
Ces tentations ne sont pas tant un enseignement moral toujours utile qu’un message de révélation.
Ces tentations, jamais le chrétien ne les connaitra. Elles sont propres à Jésus.
Il n’y a qu’un seul être humain à l’intérieur duquel le tentateur est définitivement vaincu.
Par conséquent, si nous vivons dans le Christ, alors nous échapperons au pouvoir du tentateur.
Telle est la conséquence de notre baptême.
Le salut ne se communique pas par imitation mais par communion avec le Christ.
Adoptés par Dieu comme fils, nous aurons aussi des tentations.
Pour les vaincre, il s’agira de s’attacher au Christ, de rester connecter à lui afin de vivre de sa vie !
Enfin, n’oublions pas le dernier épisode de ce combat. Il se déroulera au moment de la Croix.
Jésus scellera sa victoire définitive par sa mort par amour et pour l’amour !
