Dieu a tant aimé le monde…

Evangile de Jésus-Christ selon St Jean
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème :
« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

 

Le contexte
Nous sommes au début de l’Evangile de Jean. Une rencontre a lieu de nuit avec un juif pieux, un pharisien appelé Nicodème. Cet homme sage vient interroger Jésus pour mieux le connaitre et comprendre ce qui lui permet d’accomplir de tels prodiges.

A propos du serpent de bronze !
Cet Evangile évoque l’épisode du serpent de bronze évoqué dans l’Ancien Testament. Lors des quarante années passées dans le désert, les hébreux sont la proie de dangereux serpents et ils sont convaincus que Dieu les leur envoie pour les punir de leurs infidélités. Doute mortel qui prend figure de serpents venimeux. A leur demande, Moïse intercède pour eux. Il fait un serpent en bronze et le fixe à une perche. Le mal intérieur, caché, sera « élevé de terre », rendu visible sous la forme d’un serpent de bronze.
Ceux qui avaient été mordus par un serpent pouvaient regarder le serpent de bronze, ils étaient alors sauvés.

Acte de magie ou acte de foi ?
En fait, Moïse suivant les directives de Dieu veut faire comprendre au peuple que les actes de magie sont vains.
Ce n’est pas le serpent qui sauve mais bien Dieu.
Jésus reprend alors cette histoire bien connue de ses interlocuteurs et fait un parallèle entre Moïse qui a dû utiliser un serpent de bronze élevé de terre pour sauver les hébreux, et le fils de l’Homme, autrement dit lui-même, qui devra lui aussi être élevé de terre par la croix pour que l’humanité soit sauvée. L’évangéliste Jean voit donc dans le serpent de bronze une préfiguration du Christ crucifié.

Une réflexion sur la Croix
Le fait que Jésus consente à la croix est un acte d’amour indépassable, plus fort que la mort qu’il accueille. C’est pourquoi la croix ne sera pas pour lui enfouissement dans la terre, mais exaltation, élévation au-dessus de la terre.

Regarder le Christ crucifié, c’est regarder notre méchanceté et l’amour, son contraire, qui la surmonte. Notre mort est comme prise dans la mort du Christ. Nous pouvons ainsi prendre conscience de notre péché, et de l’amour qui a amené Jésus à s’en faire librement la victime.

Dieu a tant aimé le monde…
Cette Parole de Jésus synthétise en quelque sorte l’Esprit du Concile Vatican II dont nous fêtons le 60ème anniversaire. Pour l’Eglise et donc pour chacun de ses membres, il s’agit de se mettre non pas dans une posture de jugement, regardant de haut les personnes mais dans une posture d’accueil et de dialogue. Cela ne relativise pas les exigences de notre foi. Cela met les choses dans un ordre plus juste, plus conforme à l’Evangile. Il s’agit d’aimer le monde :
Aimer le monde, ce n’est pas dire que tout ce qui s’y vit est bon. Il n’y a pas de naïveté dans ces paroles.
Aimer le monde, c’est s’en sentir proche, c’est prier et travailler pour que celui-ci ressemble à ce que Dieu veut en faire. Aimer le monde, c’est collaborer au salut que Dieu nous donne.
Dieu a tant aimé le monde, pas seulement l’Eglise. Comprendre cela change notre compréhension de l’action de Dieu et de notre mission comme chrétiens.

Le mot de la semaine : Scrutins
Dans la vie démocratique, les scrutins permettent d’obtenir des élus. Les élus sont ceux qui se préparent au baptême et qui après l’appel décisif célébré par l’évêque sont appelés « catéchumènes ».
Les scrutins lors des 3-4-5ème dimanche de carême sont célébrés par exorcismes. Ces prières par lesquelles Dieu agit rappellent aux catéchumènes que la liberté est un don que Dieu nous fait si nous acceptons de nous en remettre à Lui, de remettre nos fragilités et nos faiblesses entre ses mains. En disant cela aux catéchumènes, qui dans l’ardeur des commencements peuvent penser qu’ils viendront à bout de tous les obstacles, l’Eglise le dit aussi à toute la communauté. En effet, l’Eglise porte en elle l’expérience que le salut est donné gratuitement par Dieu. Elle porte l’expérience de tous ces combats, heureusement perdus qui ont enfin ouvert la possibilité à l’Esprit saint d’agir. La place est alors ouverte à l’Esprit de Dieu qui seul est la Liberté, qui seul peut conduire vers le grand large. « Lui dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va ».
                     (D’après un commentaire du Père Christian Salenson dans la revue « Points de repères » en 2009)