Evangile de Jésus-Christ selon St Matthieu
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Le contexte
Ce texte des Béatitudes ouvre le premier discours de Jésus appelé le discours sur la montagne.
Ce n’est un enregistrement exact des paroles de Jésus mais plutôt
une œuvre littéraire reprenant quelques une de ses paroles fortes.
Pourquoi parler des Béatitudes ?
L’adjectif « heureux » (en latin béatus) est répété neuf fois dans ce passage. C’est le mot clé du texte.
Une béatitude évoque ici un cri de joie pour annoncer un message paradoxal puisque le bonheur est dans le manque, dans le besoin de justice, de paix, de consolation. Les béatitudes dressent le portrait du disciple,
avec bien évidemment celui de Jésus en filigrane.
Doux, pauvre, artisan de paix, Jésus porte en lui toutes ces qualités.
Regardons cela de plus prêt…
Heureux vous les pauvres
Attention, ne nous trompons, ce qui rend heureux, c’est d’obtenir le royaume des Cieux, ce n’est pas d’être pauvre. Par ailleurs, ceux qui obtiennent le royaume des Cieux, c’est justement ceux qui ont une âme de pauvre. On peut donc entendre la Béatitude de la manière suivante : « Heureux êtes-vous d’obtenir le Royaume des Cieux, vous qui avez une âme de pauvre, vous qui avez un cœur de pauvre ». Cette béatitude comme toutes les autres d’ailleurs se rapporte particulièrement à Jésus ; Il ne possède rien, il meurt nu sur la croix. Jésus est vraiment le pauvre tout au long de l’Évangile.
Heureux les doux
Jésus lui-même dit à ses disciples : « Mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur ». La douceur, l’humilité est une vertu essentielle pour qui veut recevoir de Dieu et des autres.
Heureux êtes-vous d’être consolés vous qui pleurez. La consolation, on la retrouve dans le choix que fait Jésus de résider lorsqu’il est en Galilée à Capharnaüm. Le nom de ce bourg signifie village de la consolation. Ainsi, Jésus qui s’installe à Capharnaüm pour être dans ce lieu carrefour où il va rencontrer beaucoup de gens et qui est le lieu de résidence de Pierre, il s’installe pour consoler. Il est le Consolateur par excellence.
Heureux les miséricordieux
Si on restait fidèle au texte grec, on pourrait presque dire ‘Heureux êtes-vous d’être miséricordiés vous qui avez fait miséricorde. À plusieurs reprises, on voit que Jésus fait miséricorde parce qu’il a pitié, mouvement qui vient du plus profond des entrailles et qui n’a rien à voir avec de la condescendance.
Heureux les cœurs purs
Qu’est-ce que c’est qu’un cœur pur ? C’est un cœur unifié, c’est-à-dire un cœur qui suit son chemin et qui n’est pas, au contraire, dans l’errance, dans le papillonnage. Un cœur qui ne sait pas où il va, qui va dans tous les sens serait un cœur divisé. Le cœur pur c’est un cœur qui suit une voie, un chemin.
Heureux vous qui avez œuvré pour la paix.
Et la paix c’est aussi une des œuvres de Jésus, non seulement lorsqu’il guérit, lorsqu’il enseigne, qu’il pacifie les cœurs, mais aussi vis-à-vis de la nature, on nous raconte qu’il apaise même la mer, le vent.
La dernière béatitude reprend cette notion de justice. En insistant sur le « à cause de moi », Jésus s’identifie à la justice et se signale donc comme le juste par excellence.
Mot de la semaine : Justice
La justice est le style de vie qui ajuste l’être humain à la volonté de Dieu. Être juste ce n’est pas faire juste mais c’est plutôt s’ajuster. C’est de cela dont Jésus parle dans l’expression « faim et soif de justice »