Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc
En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles.
Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots.
Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire.
Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie,
et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ;
il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière.
Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver,
et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »
Le contexte
Nous sommes à la fin de l’Evangile de Luc et avant de commencer le récit la Passion, l’évangéliste nous présente un récit de nature apocalyptique. Si ce genre littéraire nous est un peu étranger, les interlocuteurs de Jésus en sont habitués. Ne soyons pas étonnés que les évangélistes en général et Luc en particulier, s’expriment dans la culture et selon les genres littéraires de son temps. User de ce type de récit permet de réveiller les croyants et de leur rappeler la finalité de leur existence. Jésus parle à ses disciples dans le contexte de la destruction imminente de Jérusalem, qui s’est produite en 70 de notre ère.
Jésus parle de sa venue ?
Mais pourquoi donc Jésus parle-t-il de sa venue, alors qu’il est déjà présent. Il faut comprendre la double venue de Jésus, sa venue dans la chair au jour de l’Annonciation quand Marie l’a accueilli en elle.
Mais il ne faudrait pas oublier son autre venue exprimé dans le Credo quand nous disons : « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ». Il s’agit de sa venue à la fin des temps.
Apocalypse Now ?
Les discours apocalyptiques utilisent souvent un langage symbolique comme les tremblements de terre, les famines et les signes dans le ciel sont des images symboliques pour décrire des bouleversements majeurs. Ainsi, Jésus exhorte ses disciples à rester vigilants et à persévérer dans la foi, même face aux persécutions et aux épreuves. Ces discours ne sont pas seulement des descriptions un peu déprimantes. Jésus promet une Bonne Nouvelle : malgré les tribulations, les difficultés, les épreuves, le Fils de l’homme viendra avec puissance et gloire .
Pourquoi de tels écrits ?
Les discours apocalyptiques de Jésus révèlent avant tout le sens du mal et les conséquences destructrices du péché humain. Il ne s’agit pas de voir les catastrophes comme des punitions divines, mais de saisir que le péché a des répercussions réelles et graves. L’actualité de ces derniers mois en est la preuve que ce soit dans le domaine diplomatique, climatique ou social.
Quand le futur se mêle au présent
Malgré les descriptions sombres et inquiétantes, Luc y ajoute un message d’espérance. La victoire de Dieu sur le mal est une réalité, et il faut croire que le mal n’aura pas le dernier mot. Plutôt que de chercher des prophéties spécifiques dans les textes apocalyptiques, ces textes peuvent être lus comme une invitation à réfléchir sur notre propre situation et à discerner un sens plus profond à accueillir. Luc en parlant du futur parle aussi de notre présent afin que nous nous efforcions de le transformer.
« Contempler ce que l’on espère pour orienter notre façon de vivre » : C’est ainsi que notre archevêque résume la finalité de ces discours apocalyptiques. Contempler ce que l’on espère, c’est-à-dire la venue du Fils de l’Homme et nous y préparant et orienter ou réorienter notre manière de vivre aujourd ‘hui.
Le mot de de la semaine : PAROUSIE
La parousie peut se définir comme étant le retour en gloire de Jésus à la fin des temps. Toutefois le terme, issu du grec, évoque plus largement la “présence” de Jésus, en tous temps, depuis la création du monde jusqu’aux fins dernières. Par sa naissance, Jésus est venu une première dans le monde mais l’eschatologie chrétienne, à travers ce que nous dit la Bible, nous promet une seconde venue du Christ et l’avènement de son Royaume. D’ailleurs, la liturgie au moment de l’Avent et de Noël invite tout particulièrement à prier pour la seconde venue de Jésus. C’est la raison pour laquelle ce passage d’Evangile nous est proposé durant ce premier dimanche d’Avent.
Le contexte
Notre passage se situe au cœur du récit de la Passion du Christ dans l’Évangile de Saint Jean. Jésus a été déjà entendu par les autorités religieuses. Il est à présent confronté aux responsables romains qui sont les seuls à pouvoir condamner une personne à mort. Nous assistons ici à un extrait du dialogue entre Jésus et Pilate, le gouverneur romain.
L’accusateur accuse
Remarquons que cet entretien n’a rien d’un interrogatoire mais il s’agit plutôt d’une conversation.
Le ton est presque paisible, pas de violence ou d’agressivité dans les propos. Le contenu de l’accusation des grands prêtres est relayé par la question de Pilate : “Tu es le roi des Juifs” ? C’est d’ailleurs le seul motif de condamnation que les responsables juifs portent à l’encontre de Jésus. On peut noter que Jésus ne répond pas à la question et laisse entendre clairement que Pilate joue le rôle d’un perroquet : Il répète ni plus, ni moins la question posée par les accusateurs juifs de Jésus. Une certaine ironie se dégage de cette scène : L’accusateur Pilate devient accusé, soupçonné d’un manque d’objectivité par Jésus.
Deux royautés qui s’affrontent
Avec les mêmes mots “roi” et “royauté”, Pilate et Jésus ne parlent pas de la même chose. Au fond, les grands-prêtres et Pilate font une confusion entre la dignité messianique telle que peut la revendiquer Jésus et une revendication politique que pourrait craindre légitimement le détenteur du pouvoir romain en Palestine. Jésus insiste sur la nature de sa royauté : elle n’est pas “de ce monde”. En effet, si elle l’était, il aurait à sa disposition une armée avec des soldats qui auraient combattu pour lui. Jésus n’est pas Fidel Castro. Sa non-violence assumée et sa faiblesse face aux pouvoirs de ce monde sont des marqueurs de sa manière d’être roi. Si cette royauté s’exerce dans ce monde, elle n’est pas de ce monde.
La royauté de Jésus
Pilate réitère sa question: “Donc tu es roi ?”, il montre ici qu’il n’a toujours pas compris le propos de Jésus. C’est pourquoi celui qui se sait déjà condamné va changer de registre. Que dit-il ?
Sa mission, la raison de sa naissance est de rendre témoignage à la vérité. Sa naissance n’est pas une naissance seulement humaine. Jésus est venu sur cette terre pour nous faire saisir qui est Dieu, quel est son projet pour l’humanité ! Sa manière d’être roi, sa manière de nous servir est de nous convaincre de l’amour que le Père nous porte. En définitive, Jésus n’a pas de sujets comme les rois de ce monde en ont, mais des disciples qui écoutent sa voix.
Pour actualiser
Nous pouvons être sensibles à la royauté à la manière de Louis XIV, à son château de Versailles, ses princes et ses princesses. Cela peut faire rêver. La royauté de Jésus est d’un autre ordre. Elle nous invite non pas à la soumission à une loi comme dans n’importe quel royaume mais à l’écoute de la voix du Christ. L’enjeu pour chacun de nous est donc bien dans l’écoute de notre « Roi intérieur ».
Le mot du jour
Roi
La fête du Christ-Roi veut convertir nos cœurs et nos représentations pour que nous comprenions que la puissance véritable réside mystérieusement dans l’abaissement et le don de soi. Son règne est celui de la justice et de l’amour. Précédent l’entrée dans le temps de l’Avent et marquant la fin d’une année liturgique, cette fête nous invite ainsi à célébrer le Christ qui domine l’histoire depuis son commencement jusqu’à son achèvement en Dieu.