Inversion des rôles

Evangile de Jésus-Christ selon St Marc

En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ;
il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »
À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié.
Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi :
cela sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts.
De partout cependant on venait à lui.


Ces derniers temps, les journalistes font une distinction entre la température et la température ressentie et ils nous expliquent que lorsqu’il y a du vent une température de -10° peut être ressentie comme étant bien inférieure. Comme quoi, il y a souvent une différence à faire entre une réalité et ce qu’on ressent ou éprouve vis-à-vis d’elle.
Et ce qui est vrai pour la température l’est aussi pour la maladie en général et la lèpre en particulier :
Regardez ce pauvre lépreux, surtout à l’époque de Jésus, regardons ensemble combien cette maladie pouvait être douloureusement vécue :

– D’un point de vue social, plus de relation, impossibilité de vivre dans des villes ou des villages pour ne pas infecter d’autres.
– D’un point de vue humain, la lèpre est une maladie qui se voit puisque c’est une maladie de peau. Celui qui en est atteint est aussi atteint par ce regard de l’autre qui ne voit en lui que ses boutons, ses mains, ses bras qui semblent disparaître.
– D’un point de vue religieux, être lépreux c’est être qualifié d’impur. Pire que cela, être lépreux c’était payé le prix de la colère de Dieu pour ses péchés ou ceux de sa famille. Être malade, c’est déjà une épreuve mais être lépreux donnait à cette épreuve un côté absolument terrible.

C’est dans ce cadre-là que se produit cette rencontre entre Jésus et ce lépreux.
Notons quelques détails dans l’attitude de Jésus et du lépreux ?

  • Le lépreux vient à lui. Normal vous me direz pour être guéri. En fait pas si normal que cela. Le lépreux n’avait pas le droit d’approcher au risque de contaminer des personnes saines.
  • On s’en doute mais c’est significatif. Jésus se laisse approcher. Il n’évite pas la rencontre sous prétexte que c’est contraire à la Loi. Cela doit nous parler…
  • Ensuite, le lépreux se prosterne. Il reconnaît Jésus comme Dieu., comme l’ont fait les mages.
  • Enfin, Jésus le touche. Il touche un Intouchable. Il ne guérit pas ce lépreux de loin. Dieu ne nous sauve pas de loin. Jésus a besoin de ressentir ce qui en nous a besoin d’être guéri.
    Jésus touche ce lépreux au risque de devenir lépreux lui-même comme il est devenu homme pour partager au plus près ce qu’est l’existence humaine
  • Jésus devient donc un Intouchable.
    Peut être avez vous vu le film ? Il raconte l’histoire de deux personnes (l’un handicapé, l’autre chômeur, l’un chef d’entreprise, l’autre de la banlieue). Pour des raisons différentes, pris séparément, ils sont infréquentables comme le lépreux et, une fois ensemble, sont indestructibles. Et si l’Eglise avec le Christ à sa tête devenait cette bande d’intouchables.