Tous saints !
Ne nions pas l’évidence, la sainteté à mauvaise presse. Elle ne nous attire pas le moins du monde.
Il n’y a qu’à regarder certaines statues de nos églises pour s’en convaincre. Nous n’avons pas franchement envie de ressembler à ces saints avec leur sourire figé et leur attitude un peu forcée.
Et pourtant ? Nous savons bien qu’avant d’avoir été statufiés, les saints ont été des personnes en chair et en os, pleines de vitalité et de bonté. J’aimerais tant vous donner ou redonner envie d’être saint.
Je ne parle de la perfection morale qui n’a pas grand-chose à voir avec la sainteté. Prendre Jésus comme modèle et essayer de l’imiter est déjà un premier pas. Mais approfondissons la question…
Prenons un exemple, Sainte Térésa de Calcutta.
Nous connaissons maintenant les difficultés spirituelles terribles qu’elle a vécues. Il est étonnant de constater ce lien entre ce que Mère Térésa ressentait de Dieu et ce qu’elle donnait aux autres. C’est parce qu’elle vivait cet abandon de Dieu qu’elle pouvait, semble-t-il rejoindre les abandonnés de la vie. Abandonnée de Dieu, elle s’est donnée aux abandonnés. Paradoxal, illogique, surprenant !
Tel est un aspect de la sainteté. On retrouve le mystère pascal qui consiste en cette capacité de l’homme à la suite de Jésus de donner vie là même où il y avait de la mort, de l’échec, du raté.
Autrement dit, la sainteté est cette capacité que nous avons tous, de convertir nos blessures, tout ce qui nous affecte au plus profond en vocation, en appel intérieur à agir pour Dieu, pour les autres.
Et ce que je vous raconte n’est pas réservé à une élite.
Un autre exemple : il y a quelques années, deux amoureux viennent me voir, ils envisagent de se marier.
Elle, tourmentée par une relation amoureuse ancienne chaotique qui l’a profondément salie.
Lui, renfermé sur lui-même, ayant comme vision de l’amour, celle colportée par la télévision, internet…
De rencontre en rencontre, ils réalisent que ce cheminement qui les a conduits au mariage est un véritable chemin de sainteté. Pourquoi ? Ils ont été capables grâce à Dieu, grâce à leur amour réciproque de transformer leurs blessures en vocation, en don.
La sainteté naît au fond de cette réponse de l’homme qui puise en ses faiblesses, une énergie qui ne vient pas seulement de lui. Une attitude profondément humble.
Il ne s’agit pas d’offrir à Dieu ce que nous avons de mieux en nous-mêmes, il s’agit de s’appuyer sur ce qui est faible, blessé, cabossé en nous pour nous ouvrir de nouvelles perspectives.
Cette écharde dans la chair dont nous parle saint Paul, cette blessure inguérissable n’est elle pas ce lieu privilégié par lequel Dieu transforme notre existence.
N’est-elle pas ce qui permet ce chemin de sainteté ?
Les saints ne sont-ils pas ces balafrés de la vie aux cicatrices encore à vif qui, capables de ne pas en avoir honte acceptent de s’en servir pour aller de l’avant, pour donner de l’amour.
Bien sûr, Dieu ne nous met pas en travers de la route des obstacles pour nous faire mal, pour nous blesser. La vie s’en charge sans que Dieu en soit d’une manière ou d’une autre responsable.
Dieu nous offre de convertir ces difficultés en chemin de vie. C’est cela la sainteté.
Tu veux être un saint ?
N’aie pas peur de tes blessures,
elles pourront un jour te permettre de mieux entendre l’appel que Dieu t’adresse.
Alors, tu seras heureux !
P. Didier