Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu
Les Pharisiens se déplacèrent pour voir ensemble comment prendre Jésus au piège dans ses propres paroles.
Ils lui envoyèrent donc leurs disciples en même temps que des Hérodiens, et ces gens lui dirent :
“Maître, nous savons que tu es droit et que tu enseignes les chemins de Dieu selon la vérité, sans te laisser influencer par personne ; car tu ne cherches pas à te faire bien voir.
Dis-nous donc ton avis : est-il permis de payer l’impôt à César ou non ?”
Jésus a déjà vu leurs mauvaises intentions ; il leur répond : “Hypocrites, pourquoi essayez-vous de m’avoir ? Faites-moi voir la monnaie qu’on donne pour l’impôt.” Et ils lui présentent un denier.
Jésus leur dit : “Cette tête, et ce nom qu’on a gravé, de qui sont-ils ?” Ils répondent : “De César !”
Alors Jésus leur dit : “Rendez à César ce qui est de César, et à Dieu ce qui est de Dieu.”
Une fausse question !
Jésus répond à ses interlocuteurs en les qualifiant d’hypocrites. Pourquoi donc ?
Parce que comme souvent de la part des pharisiens, cette question n’a pas de sens. En effet, depuis longtemps, le problème a été résolu. Tout le monde paie l’impôt du à l’empereur et si quelqu’un ne le faisait pas, il se mettrait hors la loi. En fait, les pharisiens tendent un piège à Jésus…
Répondant à une fausse question, Jésus nous livre une réflexion sur le rôle respectif de l’empereur et de Dieu.
Le piège…
Soit il incite les pharisiens à ne pas payer l’impôt et il sera dénoncé aux autorités comme révolutionnaire,
soit il suggère de payer l’impôt et on le traitera de collaborateur.
Remarquons que nous nous laissons souvent piéger par de fausses questions :
Par exemple, faut-il aimer Dieu ou son prochain ? La facilité est de trancher, d’exclure l’un au profit de l’autre. Faisant ainsi, nous nous laissons piéger. Acceptons la complexité des questions qui nous sont posées.
Les solutions simples voire simplistes sont souvent mauvaises.
La réponse de Jésus
Oui, il convient de rendre à l’empereur ce qui lui est du.
En même temps, ne lui rendez que ce qui lui est du et pas davantage.
Enfin, n’oubliez pas de rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Au fond, Jésus prend au sérieux la question des pharisiens. Il honore la nécessaire distinction à faire entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique,
il fait finement remarquer que l’empereur ne doit pas empiéter dans la sphère religieuse.
Par conséquent, il ne doit pas se faire appeler Seigneur. Jésus termine en renvoyant une question à la conscience de chacun : Etes-vous si sûr qu’en faisant cela vous faites justice à Dieu ?
Qui est le Vrai Roi ?
Cette question suggérée dans l’Évangile de l’Épiphanie au début du livre
(Est-ce Jésus alors enfant ou Hérode le Grand ?) est reprise ici.
Certes l’empereur romain a toute sa légitimité mais son empire est passager, nous le savons bien.
Par contre, le Royaume de Dieu est d’un tout autre ordre. Il n’a pas de frontières,
il est présent de façon discrète mais bien réelle là où dans les royaumes de la terre est présente toute œuvre d’amour et de fraternité. Le Vrai Roi, c’est donc bien Jésus.
Une fois de plus, Jésus se sort d’un piège tendu par ses détracteurs et en profite pour donner une belle catéchèse sur le rôle du pouvoir politique et sur le Royaume de Dieu.