Evangile de ce dimanche
En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme,
ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?
Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui : ‘Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !’
Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix.
Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »
Quelques pistes pour bien comprendre…
Le contexte :
Dans ce passage, Jésus s’adresse à ceux qui, après s’être enthousiasmés pour lui et avoir abandonné leurs ambitions pour se consacrer à l’Évangile, reviennent en arrière, à une vie plus “pépère”. Jésus va les remettre face à la radicalité de l’Evangile !
Pour nous la faire comprendre, Jésus nous appelle à trois attitudes particulières :
Se détacher de ses proches et de soi-même
Jésus ne nous demande pas de ne plus aimer nos parents, notre famille, nos proches mais de nous en détacher. Comment comprendre cela ?
Le détachement d’un enfant d’avec sa mère lui permet de vivre pleinement. Cela coûte, il faut couper le cordon mais c’est à ce prix que la vie est possible. De la même manière, pour vivre de la vie même de Dieu, Jésus nous appelle avec force à nous détacher de notre entourage proche. C’est la seule condition pour devenir pleinement disciple. Cette prise de distance permettra d’ailleurs de les aimer mieux.
Prendre sa croix
Sans la volonté de se dépouiller totalement, notre ambition de servir Dieu, de collaborer à l’avènement de son Royaume, de réussir vraiment notre vie est vouée à l’échec. Si nous ne sommes pas connectés au Christ crucifié, donnant sa vie par amour, nous ne serons jamais des disciples authentiques. Mourir à soi-même peut prendre des formes variées, en faisant par exemple taire notre manière de voir immédiate, spontanée, pour laisser à l’autre l’espace qui lui est nécessaire pour vivre
Prendre du recul
Jésus dit enfin de ne pas se laisser entraîner dans une direction, si on n’a pas pris le recul suffisant pour voir si on a les moyens d’aller jusqu’au bout. Attention, cet avertissement de bon sens n’a rien de raisonnable : Pour Jésus, la sagesse, le bon plan, c’est de tout perdre !
Prendre du recul, c’est saisir que « tout ce qui n’est pas donné est perdu ». Et par conséquent, le bon plan consiste à renoncer à ses biens, à tout donner !
Cette attitude est aux antipodes de la lâcheté ou de la paresse.
Pour nous aujourd’hui…
Il nous faut accepter l’inversion totale des valeurs. Perdre des choses pour gagner sa vie. Tout donner pour recevoir encore davantage. Cela semble impossible et pourtant combien de disciples depuis 2000 ans ont marché à la suite de Jésus ? Telle est la voie étroite et exaltante qui nous est proposée. Nous en sommes capables puisque le Christ nous le demande.