Évangile du 5ème dimanche du temps pascal selon St Jean
Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti, Jésus déclara :
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”,
je vous le dis maintenant à vous aussi.
Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples :
si vous avez de l’amour les uns pour les autres.
Le contexte
Nous sommes à un moment de forte intensité dramatique. Au cours de son dernier repas, Jésus annonce qu’il va être livré par un des douze. Judas, brusquement se lève de table après avoir été désigné comme le coupable.
Jésus glorifié ?
Alors que celui qui incarne le mal est sorti de table, Jésus peut annoncer sa glorification. Cela est relevé cinq fois en deux phrases ! Contrairement à ce que le monde comprend en interprétant la passion et la mort de Jésus comme un échec cuisant pour Dieu et la preuve de son impuissance, la manière dont Jésus livre sa vie est la preuve de l’amour victorieux de Dieu. Cette mort qui inexorablement approche est le signe de sa glorification.
La couronne de gloire que l’on remet au vainqueur lors d’une compétition sportive est en quelque sorte la croix qu’il portera. Jésus n’a pas d’autre titre de gloire que la croix. Cela explique pourquoi les chrétiens l’ont choisie comme signe distinctif. C’est une fierté que de porter sur soi le signe le plus évident de l’amour fou de Dieu pour nous.
Maintenant et bientôt ?
Il est étonnant que Jean nous propose deux précisions presque contradictoires. Le Fils de l’Homme c’est à dire Jésus est glorifié maintenant lors de son dernier repas mais aussi bientôt lors de sa mort sur la croix. Comment comprendre cela ? Jean veut nous faire saisir que Jésus n’a pas sauvé l’humanité seulement par sa mort en mourant sur la croix mais aussi par sa vie, en acceptant lui qui est de condition divine, de faire l’expérience de la vie avec ses frères en humanité il y a deux mille ans.
Un commandement nouveau comme signe de reconnaissance :
Jésus ne dit pas à ses disciples « aimez-moi ». Il leur dit : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres ». Ceux que l’on appellera plus tard, les chrétiens ne portent pas un habit particulier, ne parlent pas une langue qui les différencieraient des autres, mais ils portent en eux un signe de reconnaissance qui est cet amour fraternel. Remarquons que ce commandement nouveau apparaît à ce moment où la communauté des apôtres est en plein désarroi. Même s’ils ne comprennent pas encore clairement ni le sens que Jésus donne à sa fin prochaine, ni leur mission qu’ils auront à exercer sans lui, Jésus exprime ici sans ambiguïtés la manière de vivre en disciples. Elle est bien sûr encore valable aujourd’hui.
Pour actualiser…
Le but de l’Eglise est d’être ce lieu de contact entre les hommes et le Christ. Elle devrait être un lieu de fraternité comme Jésus nous le demande. Mais, chacun sait que ce n’est pas toujours le cas. Il nous faut réagir…
Croire que Dieu aime tous les hommes est une réalité que certains de nos proches n’appréhendent pas facilement mais tous devraient pouvoir faire l’expérience que la fraternité est possible en visitant notre communauté à l’Œuvre ou ailleurs dans le monde…
L’amour est missionnaire : « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». Cet Evangile nous invite à faire notre possible pour que notre communauté soit missionnaire par la qualité des relations nouées les uns avec les autres. Sans aucun doute, cette fraternité vécue renverra au Christ pour tous ceux qui approcheront nos communautés. La mission, ce n’est pas forcément d’aller loin annoncer le Christ mais c’est vivre la fraternité au quotidien ici et maintenant !
Ce n’est pas par nos belles paroles que le monde recevra l’Evangile mais par notre fraternité. Nous savons ce qu’il nous reste à faire…
Le mot de la semaine : LES JUIFS
Jean utilise souvent l’expression de « juifs » pour qualifier les ennemis de Jésus mais ne nous trompons pas et n’ayons pas une lecture simpliste des Ecritures. Comme il existe de bons et des mauvais chrétiens, il existe des bons et des mauvais juifs. Non seulement, il ne nous appartient pas de juger mais en plus, il nous faut éviter les amalgames. Certains juifs parmi lesquels des docteurs de la Loi et des pharisiens ont favorisé la mort de Jésus mais rien ne permet d’en déduire que les juifs dans leur ensemble étaient de cet avis. Parler des juifs est une facilité de langage afin de parler de certains d’entre eux.