À ce moment se présentèrent des Pharisiens, et ils lui posèrent cette question pour le mettre à l’épreuve :
“Un mari est-il autorisé à renvoyer sa femme ?”
Et lui leur demande : “Qu’est-ce que Moïse vous a commandé ?”
Ils répondent : “Moïse a permis d’écrire un acte de divorce et de renvoyer la femme.”
Jésus leur dit : “Il a écrit là une loi adaptée à votre cœur endurci. Mais Dieu, au commencement du monde, les fit homme et femme.
Pour cette raison, l’homme quittera son père et sa mère et les deux seront une seule chair.
Ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni.”
De retour à la maison, les disciples l’interrogent de nouveau à ce sujet et il leur déclare : “Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre, commet l’adultère à son égard ; et si une femme renvoie son mari et en épouse un autre, elle aussi commet l’adultère.”
Le contexte
Dans le chapitre 10 duquel est tiré cet extrait d’Evangile, Jésus au cours de son périple en direction de Jérusalem parle de questions capitales pour la vie de sa communauté. Grâce à une question perfide d’un pharisien, Jésus nous livre en peu de mots sa vision du mariage. Remarquons qu’il parle du mariage sans prononcer le mot.
Parité ?
Cette controverse peut nous choquer aujourd’hui par son caractère unilatéral. Si effectivement, il est question ici d’un homme qui répudie sa femme, rien ne nous empêche d’imaginer la situation inverse d’une femme qui pourrait faire la même demande vis-à-vis de son mari. D’ailleurs à la fin du texte, ce qui est valable pour l’homme l’est tout autant pour la femme.
Que vous a commandé Moïse ?
Cette question de Jésus lève déjà le débat d’un cran. Il ne répond pas en utilisant une solution simpliste du type « c’est permis » ou « c’est pas permis » mais il interroge l’intention de Moïse qui voulait par cette lettre de répudiation éviter les excès de la part des maris. Ainsi, Jésus ne se met pas contre la loi mais il explique l’intention du législateur. Cela peut nous aider à mieux discerner lorsqu’une question morale se pose à nous particulièrement dans le domaine de la sexualité.
Rupture et accomplissement
Jésus reprenant le livre de la Genèse dit : « l’homme quittera son père et sa mère et les deux seront une seule chair ». Le mariage parachève le passage entre une rupture, une séparation (de son père, de sa mère) à un accomplissement, à une alliance féconde (avec son conjoint). De même que l’homme doit mourir à la vie terrestre pour une vie en abondance dans le cœur de Dieu, ceux qui se marient sont appelés à un double mouvement de rupture et de communion.
L’Eglise des débuts se sentait menacée par l’hostilité du monde et par la persécution. Jésus, lui, dit qu’elle est surtout menacée par le manque d’amour fraternel. Que les difficultés vis à vis de ceux qui ne confessent notre foi ne doivent pas nous faire pas perdre de vue le péché qui est au-dedans de nous, au-dedans de l’Eglise.
On peut aussi entendre dans ces sérieux avertissements adressés par Jésus comme un appel à ce que nos mains, nos pieds ou nos yeux ne soient pas des obstacles à notre fidélité à l’Evangile. Est-ce que nous laissons dicter tous nos gestes, nos paroles, nos pensées par l’espérance du monde à venir ?
Que l’homme ne sépare pas…
Pour les juifs, la prière de bénédiction des époux est considérée comme le cœur du mariage alors que pour les chrétiens, c’est l’échange des consentements qui « fait » le sacrement. On comprend alors la remarque de Jésus : « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ». L’indissolubilité du mariage dit l’importance et le caractère unique de cet engagement. Le mariage aux dires de Jésus est une réalité naturelle puisqu’elle est inscrite dans la différence sexuelle. Ce ne doit pas être une habitude sociale que l’on fait pour être comme tout le monde. D’ailleurs, le mariage est une vocation tout aussi belle que la vocation religieuse.
Pour actualiser…
Difficile de parler du mariage, tant sont nombreuses les situations douloureuses à ce sujet. En même temps, ces paroles exigeantes du Christ à propos du mariage sont engageantes. Elles nous appellent à offrir à l’autre ce que nous ne pouvons pas nous donner tout seul.
Dans le mariage, chacun a à apprendre de l’autre une manière d’être humain qui ne lui est pas naturelle. Aimer une seule personne d’un amour absolu toute sa vie peut paraitre hors de portée mais n’oublions pas que Dieu est avec nous. Si le mariage est en question dans nos sociétés, il est vraiment l’expression de l’amour « jusqu’au bout » auquel nous aspirons tous.
Le mot du jour
Mariage
Le mariage est l’un des sept sacrements. Il implique entre un homme et une femme, une communion de corps et d’âme. Les deux aspects sont nécessaires. D’ailleurs, le mariage après la célébration religieuse n’est-il pas scellé lorsque que les deux mariés se sont donnés l’un à l’autre.
Autrement dit, le mariage se réalise dans le oui échangé mais aussi dans le don des corps.
Jadis chez nous (et encore aujourd’hui dans d’autres cultures) où il était un contrat entre deux familles, le mariage chrétien est l’acte par lequel un homme et une femme consentent à se donner l’un à l’autre.
Ce consentement mutuel quoique fragile et exigeant ne souffre d’aucune condition. C’est ce qui fait sa grandeur !