Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean
J’avais dit aux juifs : « Je suis le bon pasteur, le vrai berger. » Il leur dit encore :
« Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais ; et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Ce que mon Père me donne est plus fort que tout, et personne ne peut rien arracher de la main de mon Père. Le Père et moi, nous sommes un. »
Le contexte :
Difficile d’imaginer que ces paroles aient pu avoir un impact si fort à l’époque. Elles ressemblent à des paroles pieuses, bien gentilles. Et pourtant… Les responsables juifs de l’époque ont réagi vivement puisque quelques versets après, saint Jean nous précise que « les juifs, à nouveau, ramassèrent des pierres pour le lapider ». Comment expliquer ces réactions ?
En fait, Jésus répond à une question qu’on lui pose alors qu’il est dans le Temple : « Es-tu le Christ ? » Comme souvent, au lieu de répondre clairement à la question, Jésus évoque ses brebis, ce qui revient à dire qu’il est le Messie. En effet, le peuple d’Israël se comparait à un troupeau souvent malmené, maltraité ou mal guidé par les rois qui s’étaient succédé depuis David. Ce peuple attendait le Messie qui serait comme un berger attentif et dévoué. Parler d’un berger pour évoquer la figure du Messie n’a fait difficulté à aucun de ses interlocuteurs.
Je leur donne la vie éternelle !
À cette occasion, Jésus leur permet de faire un pas de plus quand il affirme « Je leur donne la vie éternelle ». Quelle audace ! Qui peut donc donner la vie éternelle sinon Dieu ?
La main du Père : L’expression « être dans la main de Dieu » est pour le coup, habituelle pour ses interlocuteurs. Ici, Jésus met en parallèle la main de Dieu et sa propre main. Enfin, si cela ne suffisait pas, il termine par « le Père et moi, nous sommes un ».
Si on attendait un Messie qui serait un homme, on n’imaginait pas qu’il puisse être Dieu. La foi en un Dieu unique est un pilier fondamental de la foi d’Israël. On comprend l’opposition forte des juifs et l’accusation de blasphème qu’ils expriment à l’égard de Jésus.
L’Amour n’est pas aimé !
Une fois de plus, Jésus se heurte à l’incompréhension de ceux qui, pourtant, attendait le Messie avec le plus de ferveur. Tout le mystère de la personne du Christ est là avec, en arrière-fond, son procès.
Malgré l’opposition que Jésus rencontre ici, malgré l’issue tragique prévisible, il y a là incontestablement un langage de victoire : « Personne ne les arrachera de la main du Père ». Il faut se rappeler que les Évangiles ont été écrits après la résurrection.
Dans les moments difficiles tout au long de l’histoire, les disciples de Jésus ont bien besoin de s’appuyer sur cette certitude pour continuer à avancer.
Pour actualiser
Croire en Jésus, vrai homme et vrai Dieu, n’a rien d’évident. Il nous faut sans cesse méditer cette vérité de foi pour la comprendre, la saisir. Le Christ ne correspond pas à nos représentations. Tout chemin de foi nécessite que s’opère en nous un déplacement. L’incompréhension des juifs au Temple peut parfois être le notre. Nous sommes invités autant que possible à accueillir la Parole de Dieu, le Christ lui-même avec une ouverture d’esprit et de cœur la plus grande possible. Nous ne le regretterons pas !