Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu
Or voici que Jean-Baptiste, dans sa prison, entendait parler de ce que faisait le Christ, et il lui fit porter par ses disciples le message suivant : “Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?”
Jésus leur donna cette réponse : “Allez voir Jean et racontez-lui ce que vous entendez et voyez :
les aveugles retrouvent la vue, les éclopés marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent,
les morts se réveillent et les pauvres entendent une bonne nouvelle.
Mais heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi”
Lorsque les hommes furent repartis, Jésus commença à parler de Jean à la foule :
“Que cherchiez-vous à voir quand vous alliez au désert ? Un roseau agité par le vent ?
Qu’alliez-vous voir ? Un homme dans le luxe ?
Mais les gens qui vivent dans le luxe se trouvent dans les palais des rois.
Alors pourquoi alliez-vous là-bas ? Pour voir un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu’un prophète.
Car c’est de lui qu’il est écrit : J’envoie mon messager devant toi pour qu’il te prépare le chemin.
Oui, je vous le dis, on n’a pas vu se lever plus grand que Jean.
Et pourtant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui.
Quelques pistes pour entrer dans le texte
Le contexte
Jean-Baptiste a été mis en prison par Hérode vers l’an 28 de notre ère. Les conditions de détention sont certainement plus enviables qu’aujourd’hui, c’est pourquoi Jean-Baptiste peut communiquer avec Jésus par disciples interposés.
Il faut comprendre que Jésus et Jean-Baptiste ne voient pas les choses de la même manière. Le premier centre son discours sur la miséricorde, le second sur la conversion.
L’un vit, mange et boit avec les gens, l’autre est retiré du monde et pose sur le monde un jugement sans appel.
Si Jean-Baptiste a toujours désigné Jésus comme le Messie à venir,
on comprend bien son trouble et sa question :
« Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? ».
La réponse de Jésus
Utilisant l’Ancien Testament, il fait comprendre à Jean-Baptiste qu’il est le Messie attendu par Israël. Certes, la manière de faire de Jésus peut déconcerter mais il faut regarder l’arbre à ses fruits : les aveugles retrouvent la vue, les éclopés marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent… En même temps, Jésus confirme la mission prophétique de Jean-Baptiste ; sa vie et ses paroles témoignent qu’il est bien un homme de Dieu.
Le plus grand est le plus petit ?
Qui est donc ce « plus petit » dont Jésus nous parle à la fin de l’Evangile appelé à être le plus grand dans le Royaume des Cieux ? A l’approche de Noël, nous pressentons la réponse. Le Verbe fait chair, Dieu fait homme qui se fait petit est bien le plus grand dans le Royaume. Il est la Tête du Corps qu’est l’Eglise. Effectivement, ce sont les petits, les pauvres qui sont nos maitres. Ils sont même plus grands que le plus grand des prophètes !
Pour nous aujourd’hui
– La Bonne Nouvelle est adressée à des aveugles, des lépreux, des sourds, des pauvres.
Elle ne peut donc nous rejoindre que si nous nous reconnaissons en eux. Le Christ ne peut nous rejoindre que dans nos failles, nos blessures, nos infirmités.
– Jean-Baptiste et plus encore Jésus annoncent le Royaume, chacun à leur manière avec leur charisme.
Dans l’Eglise, c’est un peu pareil. Nous annonçons Jésus-Christ de façon différente. Il n’y a pas lieu de s’en inquiéter, d’en avoir peur. Il suffit simplement d’accepter de se laisser surprendre.
– Jean-Baptiste, porte-parole du peuple d’Israël croyait savoir ce que devait être le Messie à venir et il se trompait : le Christ ne serait pas le lieutenant de la colère de Dieu, celui qui allait mettre de l’ordre par le feu.
Nous aussi, nos représentations de Dieu, de la religion sont appelées sans cesse à s’ajuster.
Cela s’appelle se convertir.