Comme Jésus se mettait en route, un homme courut au-devant de lui ; il tomba à genoux devant lui et l’interrogea :
“ Bon maître, que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ?”
Jésus lui répondit : “Pourquoi m’appelles-tu : « bon » ? Dieu seul est bon, nul autre que lui. Tu connais les commandements : Ne tue pas, ne commets pas l’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne prends rien à autrui, respecte ton père et ta mère…”
L’autre déclara : “Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse.”
Alors Jésus le fixa du regard et l’aima ; il lui dit : “Une seule chose te manque. Va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, tu auras ainsi un trésor dans le ciel ; puis reviens et suis-moi.”
L’homme fut très heurté par cette parole car il avait de grands biens ; il s’éloigna fort triste.
Un récit de vocation
Au début de leur rencontre, Jésus pose son regard sur lui et il l’aime. Cet homme a croisé le regard de Dieu, un regard à la fois plein de prévenance, d’amour mais aussi engageant.
Par ce regard et son appel à le suivre, Jésus le choisit comme disciple comme il l’avait fait avec Pierre, André, Jacques et Jean au début de l’évangile. Et encore aujourd’hui, Jésus nous sollicite personnellement et nous appelle à sortir de notre routine pour l’aventure du don total.
Saut décisif
Malheureusement, cela semble trop dur pour lui.
Il renonce à cet appel. Il s’en va tout triste. Cet homme pourtant généreux et vraiment pieux ne parviendra pas à faire le saut décisif qui consiste à tout quitter pour suivre Jésus. Pourquoi donc ?
Qu’est ce qui a donc coincé ?
Renoncement et bénédiction
Dans la mentalité de l’époque, bénédiction rime avec richesse. Être béni, c’est vivre bien. Être béni, c’est concret. Cette demande de Jésus le déroute et nous avec lui.
Comment accepter de tout quitter alors que tout ce qu’il possède est justement le signe de son lien privilégié avec Dieu ? Il y a certainement aussi des raisons bien humaines qui ont conduit à son refus. Difficile de lâcher ce qui nous appartient, de ne plus profiter de son confort.
Détachement et relation à Dieu
Et pourtant… Les disciples dont nous sommes, sont appelés à la pauvreté, au détachement le plus radical pour être le signe de cet absolu du Royaume. C’était un chamboulement dans la manière de concevoir la relation entre le croyant et Dieu. Cette demande surprenante de Jésus met en lumière les ambiguïtés de cet homme qui sont aussi les nôtres :
Au fond, ce riche, qui aime-t-il ? Pourquoi pratique-t-il les commandements ? Pour se forger un être idéal devant Dieu ou pour répondre humblement à la fidélité de Dieu.
Allége-toi !
Si l’homme riche a renoncé semble-t-il à l’appel du Christ, d’autres y répondent avec joie aujourd’hui et depuis le début de l’Eglise.
Ce sont les religieuses, les religieux, plus largement tous les consacrés. Les messieurs de l’œuvre sont de ceux-là. Le témoignage de ces vies données doivent nous stimuler à vivre autrement le quotidien :
Tu veux suivre Jésus, allège-toi de tes richesses, de ton attachement excessif aux choses matérielles, à tes certitudes aussi… Qui que tu sois, où que tu en sois, le Christ t’appelle, et te dit : Viens et suis-moi !
Le mot du jour
La suivance ou la disciplitude
Bien sûr, ces deux mots n’existent pas et pourtant ce qu’ils suggèrent est une notion si essentielle…
Suivre le Christ consiste à choisir de suivre la voie qu’il a tracée et qu’il nous propose à travers l’Evangile.
Suivre le Christ, c’est tout d’abord renoncer à ce qui nous détourne de lui. C’est accepter de bon cœur de vivre au quotidien ce paradoxe évangélique : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.
C’est par conséquent faire en sorte avec sa grâce d’être à ses côtés par la prière et le soin porté aux autres.