“Maître, nous avons vu quelqu’un qui se servait de ton nom pour chasser les démons, et nous l’avons empêché car il n’est pas disciple avec nous.” Jésus lui répond : “Ne l’empêchez pas ! Car personne ne peut faire un miracle en mon nom et aussitôt après parler mal de moi. Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Celui qui vous donne un verre d’eau parce que vous êtes disciples du Christ, je vous dis qu’il ne perdra pas sa récompense.”
Si ton œil te fait pécher, arrache-le.
“Si quelqu’un devait faire chuter l’un de ces petits qui croient, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une meule de moulin et qu’on le jette dans la mer.
Si ta main doit te faire chuter, coupe-la ! Mieux vaut pour toi entrer dans la vie avec une seule main, que t’en aller avec tes deux mains à la géhenne, au feu qui ne s’éteint pas.
Et si ton pied doit te faire chuter, coupe-le ! Mieux vaut pour toi entrer dans la vie avec un seul pied, qu’être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne. Si ton œil doit te faire chuter, jette-le loin de toi ! Mieux vaut pour toi entrer dans le Royaume de Dieu avec un seul œil que d’en avoir deux et d’être jeté dans la géhenne, où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas.
Le contexte
Au cœur de l’Evangile selon St Marc, cet extrait clôt un dialogue avec ses disciples. Il fait suite à la deuxième annonce de sa Passion et sa Résurrection.
Qui n‘est pas contre nous est pour nous
Les disciples imaginent être les seuls à pouvoir parler de leur maitre. Or, annoncer Jésus même de façon maladroite est toujours un bien. L’expérience missionnaire est le lieu par lequel nous allons apprendre à le connaitre, à l’aimer. Au fond, tant que je ne contredis pas le credo, même si je n’ai pas les mots bien justes, je ne dois pas avoir de scrupules pour annoncer l’Evangile. Le but de l’Eglise n’est pas d’empêcher les autres mais de proclamer et vivre le royaume. Suis-je capable de me réjouir de ceux qui sont différents de moi, qui confessent leur foi avec d’autres mots, avec un autre style ? Cette attitude d’ouverture différencie l’Eglise d’une secte.
Qui donnera un verre d’eau…
On trouve à l’extérieur de l’Eglise des personnes qui font preuve de compassion. C’est bien évident. Même s’ils ne sont pas disciples, ils recevront leur récompense. Ce verset fait l’écho à la parabole du jugement dernier dans l’évangile de Matthieu : J’ai eu soif et vous m’avez donné à boire.
Arrache-le !
Si nous devions prendre ces paroles du Christ au pied de la lettre, il y aurait beaucoup de borgnes, de manchots parmi nous, en commençant par soi-même. Ces paroles doivent être entendues par chacun d’entre nous avec gravité mais aussi par nos communautés. Un chrétien, une Eglise se juge à la façon dont elle traite les petits. Il s’agit de ne pas les faire chuter, de ne pas les scandaliser. C’est malheureusement d’actualité…
L’Eglise des débuts se sentait menacée par l’hostilité du monde et par la persécution. Jésus, lui, dit qu’elle est surtout menacée par le manque d’amour fraternel. Que les difficultés vis à vis de ceux qui ne confessent notre foi ne doivent pas nous faire pas perdre de vue le péché qui est au-dedans de nous, au-dedans de l’Eglise.
On peut aussi entendre dans ces sérieux avertissements adressés par Jésus comme un appel à ce que nos mains, nos pieds ou nos yeux ne soient pas des obstacles à notre fidélité à l’Evangile. Est-ce que nous laissons dicter tous nos gestes, nos paroles, nos pensées par l’espérance du monde à venir ?
Pour actualiser
Tout d’abord, cet évangile est un appel à l’humilité : ne pas croire que ceux qui sont « du dehors » sont mauvais.
Comme chrétiens, nous ne sommes pas le centre du monde, seulement et c’est déjà beaucoup un signe et un moyen par lequel Dieu est annoncé.
Surtout, Jésus exige de nous que nous ne soyons pas source de scandale ! Il ne s’agit pas de se couper un œil, une jambe ou une main mais de se couper de certaines situations, certaines images ou certaines postures. Au travail !
Le mot du jour
Géhenne
La géhenne est le synonyme des enfers. Ce mot renvoie à une vallée au sud de la ville de Jérusalem, où des Ammonites, une ethnie cananéenne, offraient des enfants en sacrifice au dieu Moloch. On y jetait les détritus qui étaient brûlés et mangés par les vers. Une vie qui fait chuter est une abomination qui relève de la géhenne, elle doit être brulée comme un détritus